ROTTING CHRIST + CARACH ANGREN + UADA + GAEREA | L’IMPERIAL BELL| 08.03.2023

La tournée « Under Our Black Cult », « sous notre sombre culte » en français, s’est arrêtée à Québec à l’Impérial Bell ce mercredi 8 mars 2023 et ce fut toute une soirée! Les fans de black metal ont été servis par une affiche franchement imbattable. Nous avons célébré comme un culte où la noirceur de l’âme était mise à l’honneur. Satanisme, mysticisme, occultisme, misanthropie et histoires d’horreur furent tous au rendez-vous. Laissez-moi naviguer pour vous ces eaux ténébreuses et troubles tel Charon navigue la rivière Styx dans l’outre-monde.

GAEREA nous vient tout droit du Portugal. Actif depuis 2016, GAEREA est un de ces groupes de black qui mélangent plein d’influences. Blackened death à la BEHEMOTH, riffs et atmosphères post black rappelant parfois DEAFHEAVEN, voix scream qui fait écho à SHINING, vocalises torturées qui rappellent le DSBM à la LIFELOVER ou PSYCHONAUT 4 par moments, franchement c’est une recette complète. Visuellement, c’est un 10/10 : l’ensemble cohérent, les masques peints du sigle du prince des démons Asmodeus, la peinture noire sur leurs corps, l’uniformité parfaite des membres, les décors ornementaux aux accents dorés, le pied de micro en fer forgé avec ce sigle détaillé. Franchement ils ont tout pour plaire, musicalement et visuellement. Ils m’ont séduite en audio certes mais en concert? Ça a dépassé toutes mes attentes, et de loin! GAEREA a volé le show. Et voler la vedette aux groupes qui suivent, notamment à des maîtres du black metal qui font ça depuis plus de 35 ans? Ce n’est pas donné à tous! 

La foule a l’air de partager mon avis. C’est comme si personne ne s’attendait à ce que GAEREA soit si bons, si intenses; qu’ils donnent une performance si émotionnellement chargée, et pourtant! On s’est fait mettre toute une claque au visage collectivement en seulement cinq chansons. Le groupe fait en ce moment la promotion de leur récent album Mirage de 2022. Avoir écouté cet album à sa sortie, il aurait été dans mon top cinq de l’année c’est certain. Je les ai découverts juste un peu trop tard, mais c’est garanti que je ne démordrai pas d’eux dans le futur. Mirage est excellent du début jusqu’à la fin, donc les quatre morceaux qu’ils ont tirés de l’album pour le concert, « Deluge », « Salve », « Mirage » et « Laude », sont des coups de circuit. Ils jouent aussi « Urge » de leur album de 2020 Limbo. Le son live est impeccable! Rien à redire, et ça se maintient toute la soirée. Travail de maître derrière la console, on salue l’équipe de son. 

Bien que le nom de certains des membres ait été découvert, GAEREA ont souligné en entrevue ne pas vouloir que les fans portent attention à leurs identités. Dans cette optique, je ne vais pas utiliser leurs noms ici, seulement leurs instruments. Le chanteur est hypnotique. J’ai rarement vu quelqu’un bouger ainsi sur scène, comme un sinueux serpent tentateur. Il ondule, il spasme, il se tord. Il s’agenouille au bord de la scène comme s’il nous priait, il frappe le sol, il convulse. Il a l’air de ne pas avoir d’os. Il est fluide, comme s’il était fait d’eau. Il vit sa musique comme une possession physique, c’est fascinant.

GAEREA

Sa performance vocale est variée. Il change de registre comme si de rien n’était, passe du scream guttural grave, aux lamentations aiguës pleines de douleur, à sa voix normale raisonnante pour nous ordonner de lui rendre l’énergie qu’il nous donne.

GAEREA

C’est franchement difficile de regarder ailleurs, mais lorsque le regard réussit à se fixer sur les autres membres, la vivacité est au rendez-vous là aussi. Les deux guitaristes jouent de manière mordante et incisive. Les solos sont acérés et coupants, tranchant la noirceur des compositions avec des mélodies qui nous transpercent.

GAEREA

Outre le chanteur, c’est le bassiste qui a la meilleure présence sur scène à mon avis. Ses mouvements grandioses où il brandit sa basse à la limite de sa sangle donnent l’impression qu’il va jeter son instrument au bout de ses bras et partir avec.

GAEREA

C’est d’ailleurs l’anniversaire dudit bassiste ce soir. Le chanteur nous en informe avant de commencer la chanson « Mirage » : il nous demande de s’arranger pour que le fêté n’oublie jamais cette soirée! En tout cas moi je n’oublierai pas ce moment. Le batteur, pour finir, fait écho à la fluidité de mouvement du chanteur, mais derrière le kit. Il joue non pas de manière carrée et mesurée, mais avec abandon et émoi.

GAEREA

Si on a l’impression que les musiciens ont les émotions à fleur de peau, comme s’ils jouaient en se retenant de justesse de craquer, c’est parce que c’est le cas. L’intensité n’est pas répétée, elle n’est pas artificielle : elle est là grâce aux masques. En entrevue, le groupe a expliqué qu’ils portent leurs masques sur scène parce qu’ils sont difficiles à endurer, et ça les aide à se rapprocher de la poésie qu’ils veulent offrir. Après une seule chanson, le tissu des masques devient imbibé de sueur. Ils collent au visage, les musiciens ne voient plus grand chose, ils respirent mal à travers le tissu mouillé, et ça les met dans un état de fébrilité et d’adrénaline qui est exactement ce qu’ils veulent atteindre. Ils se débattent contre leurs costumes, se placent volontairement en situation d’inconfort pour atteindre la profondeur et la noirceur qu’ils veulent exhiber. Plusieurs fois durant le concert, on voit clairement le chanteur essayer de prendre de grandes bouffées d’air et le masque l’en empêche en collant à sa bouche. Leurs performances doivent les épuiser. C’est spectaculaire et saisissant.

Après le concert, malgré tout cet épuisement, c’est le bassiste qui vient au stand de marchandise pour en faire la vente. Il tremble, il a encore de la peinture noire à moitié lavée sur les mains et autour des ongles. Il y a une longue file de gens conquis qui veulent acheter la marchandise de GAEREA; il semble autant flatté que submergé. Je profite de mon achat de leur magnifique hoodie pour lui souhaiter bonne fête et il me remercie avec un sourire doux et sincère. Je leur souhaite tout le succès du monde, parce que c’est largement mérité!

UADA
On enchaîne avec UADA, un groupe habitué de passer dans la province. Ils étaient à Montréal il y a moins d’un an avec AMORPHIS et on ne se lasse pas d’eux! Les figures masquées de l’Oregon aux États-Unis nous reviennent pour nous donner une dose de black metal atmosphérique. Ils jouent dans les ténèbres presque complètes, excepté des accents lumineux mauves sur leurs logos et toiles de fond et des stroboscopes blancs. De l’encens est allumé pour appuyer l’ambiance et en faire une expérience sensorielle complète. Visages cachés grâce à leurs long capuchons et leurs cheveux, enfouis dans une tonne et demie de fumée, ce sont des silhouettes qui jouent pour nous.

Ne pas être vu est l’un des buts artistiques de la formation: UADA veut qu’on se concentre uniquement sur la musique, non pas sur l’élément humain. Selon eux, l’humain distrait, éclipse, interfère. La célébrité est frivole et vaine, vide de sens, alors que leur musique, elle, ne l’est pas. Ils effacent volontairement l’humain car ils refusent que leurs visages nous distraient de leur art. Leurs formes imprécises rappellent plus le spectre que l’homme : incorporel, insaisissable, des images, des reflets. Seule la musique devrait régner. Les membres semblent presque flotter sur la scène dans un nuage de brouillard dense, un occasionnel halo de lumière derrière eux. C’est l’anonymat dans le but de tuer l’égo.

UADA

Ils jouent une setlist de cinq chansons. Ceci dit, quelques unes d’entre elles frôlent le dix minutes de durée donc on est dans une prestation qui ne laisse pas sur notre faim. UADA joue la plus classique des saveurs de black metal ce soir. « The Purging Fire » a un bon rythme rebondissant et entraînant. « Djinn », la chanson-titre de leur album de 2020 est un plaisir en live. « Snakes & Vultures » peut s’étirer un peu trop pour certains, mais à mon avis c’est un solide morceau qui passe très vite. « Cult of a Dying Sun » et « Black Autumn, White Spring » viennent clore un spectacle qui fait perdre la notion du temps.

Bien que masqué, le collectif n’est pas anonyme. Je me permets donc d’utiliser les noms des membres. Jake Superchi à la guitare et au chant et James Sloan à la guitare sont les deux membres fondateurs restants depuis 2014.

UADA

Leurs solos en particulier font bonne impression, le lead ne se gêne pas pour étirer et plier ses notes pour bien nous donner des frissons. Nate Verschoor à la basse est avec eux depuis 2019 et fait du très bon travail. Josh Lovejoy à la batterie est un nouveau de l’an dernier. Je n’ai rien à redire, il tient le cap des « blast beats » glacials dont le groupe a besoin.

CARACH ANGREN
À ce moment-ci de la soirée, c’est l’artillerie lourde qui est déployée avec CARACH ANGREN. Ce groupe de black metal symphonique néerlandais qui roule depuis près de 20 ans déjà a toute une réputation. Ils créent quelque peu de la division : soit tu adores leur mise en musique d’histoires d’horreurs, leurs versions réécrites à l’extrême des comptes de Grimm, de Frankenstein, etc.; soit ça ne passe pas. Pour ma part, CARACH ANGREN était un de mes groupes préférés au début des années 2010. Leurs trois premiers albums sont du pur bonheur; leur 3e album spécifiquement, Where The Corpses Sink Forever de 2012, est littéralement un chef-d’œuvre. Ceci dit, je n’ai pas du tout aimé le tournant qu’ils ont pris sur les trois albums suivants. On dirait que la magie est disparue. J’ai perdu l’intérêt. Et je ne suis pas la seule des anciens fans à avoir sauté le bateau, quoi que le dernier album a gagné beaucoup de nouveaux fans. Le groupe le mérite! Ce n’est pas parce que leur musique récente n’est plus pour moi que je renie l’incroyable catalogue qu’ils ont. J’ai approché le concert avec ouverture d’esprit, curieuse de voir si les nouvelles chansons allaient me reconquérir en live.

Je suis heureuse de rapporter que la setlist était satisfaisante. CARACH ANGREN sont en promotion de leur album de 2020 Franckensteina Strataemontanus. Ils en jouent donc quatre morceaux : la chanson-titre, « Operation Compass », « The Necromancer » et « Monster ». La foule est là pour le matériel récent, elle répond avec enthousiasme à tout coup. « Operation Compass » avec son moment de chant clair ressort du lot positivement à mon avis, assez pour me donner envie de donner une seconde chance à l’album. Au final, ce sont les plus vieux morceaux qui attirent mon attention, pas de surprise ici. Avec deux chansons de Lammendam de 2008, deux de Death Came Through a Phantom Ship de 2010 et une de Where The Corpses Sink Forever, moi et les fans de l’ancien matériel ne sont pas à plaindre! Le groupe saute par dessus la section la moins flatteuse de sa discographie, ce qui est une excellente décision. « The Carriage Wheel Murder » vient avec un wall of death dans lequel le pit a clairement beaucoup de plaisir. Pendant « Bitte Tötet Mich », un bon circle pit se forme, et « A Strange Presence Near the Woods » nous sert toute la vitesse et la violence qu’on voudrait.

CARACH ANGREN

Durant le dernier morceau, « Bloodstains on the Captain’s Log », le groupe remarque un des fans dans le pit qui est déguisé en Jésus. S’exclamant “Jesus fucking christ!” et retenant à peine son fou rire, Seregor fait monter ledit Jésus sur la scène tout en lui faisant des blagues.

CARACH ANGREN

Le groupe entame la chanson, « crinque » la foule, et le Jésus quitte la scène en surfant sur les gens. Le concert se termine sur des chaînes de fans qui se tiennent par les épaules et qui font du headbang en rythme.

Seregor au chant est toujours animé. Il fait les cents pas sur la scène, mime ses différents personnages, bouge de façon saccadée et brusque.

CARACH ANGREN
CARACH ANGREN

Durant « Monster », il porte l’un de ses masques les plus connus, le visage squelettique avec la couronne noire.

CARACH ANGREN

Ardek au clavier, maître d’orchestre aux commandes des compositions sinistres et grandioses qui supportent les comptes maléfiques de Seregor, est maintenant armé d’une keytar.

CARACH ANGREN

Ça lui permet de ne pas être collé derrière son clavier à pied, présent aussi mais moins utilisé, et de venir faire du headbang aux cotés de Seregor au-devant de la scène. Ce sont les deux seuls membres officiels du groupe qui restent, après le départ de Namtar, batteur originel, en 2020. Derrière la batterie pour cette tournée, on retrouve Gabe Seeber qui a la tâche de suivre les techniques difficiles, côté précision et endurance, que Namtar avait créées.

CARACH ANGREN

Il s’en tire bien, je ne remarque pas d’erreur majeure. Il se donne beaucoup, faisait du moulinet avec ses interminables cheveux et sa longue barbe tout en jouant sans manquer une note. À la guitare, c’est Bastiaan Bohqui est fidèle au poste, membre de tournée pour CARACH ANGREN depuis 2015. Il fait pratiquement partie de la famille rendu là. Ce soir il a l’air d’un boucher maniaque avec sa longue jupe carrée sur laquelle on peut presque imaginer du sang. Ça fait l’effet voulu!

CARACH ANGREN

ROTTING CHRIST
Qui d’autre pour couronner cette soirée avec une couronne d’épines bien acérée que ROTTING CHRIST, l’un des groupes originels du black metal! Ça fait 36 ans que le groupe roule sa bosse, alors laissez-moi vous dire que ces Grecs sont de vrais professionnels. S’il y a quelqu’un sur la planète qui sait comment fonctionne le black metal, ce sont les frères Sakis et Themis Tolis aux commandes du projet depuis 1987. Leur professionnalisme et leur aisance sur la scène leur sort par les pores de la peau.

La setlist tire de six de leurs treize albums. Ils ne sont pas sur la route en support d’un album en particulier, mais bien pour représenter leurs trois décennies et demie d’offrandes blasphématoires merveilleuses. Le concert ouvre sur l’incontournable Χ Ξ Σ (666), ces lettres grecques faisant office de décor de scène en version géante et métallique. Κατά τον Δαίμονα Εαυτού (« Kata Ton Daimona Eaytoy ») donne le ton coté interactions avec le public : Sakis Tolis nous parle, donnant des consignes avec son fort accent; il offre sa guitare aux gens en première rangée pour qu’ils la touchent; les trois guitaristes se placent en cercle pour jouer pour notre grand plaisir. Le chant en grec est transcendental.

ROTTING CHRIST

C’est comme tomber en transe, le corps bouge tout seul. « Fire, God and Fear » commence sur ces lourdes paroles : « Those who can make you believe absurdities can make you commit atrocities » (« ceux qui peuvent vous faire croire des absurdités peuvent vous faire commettre des atrocités »). Ça donne direct le ton du message que ROTING CHRIST veut envoyer.

ROTTING CHRIST

« Dub-sag-ta-ke » est ponctué du chanteur qui compte « un, deux, trois, quatre » en français pour nous pour donner le rythme, pendant que le bassiste nous fait taper des mains. Ἄπαγε Σατανά (« Apage Satana ») nous entraîne dans son rituel avec ses tambours hypnotiques et le chant où trois des membres se répondent et murmurent des incantations dans leurs micros.

Ça te déconnecte de la réalité! J’ai un gros faible pour ce morceau. Ἐλθὲ Κύριε (« Elthe Kyrie ») nous emporte dans son rythme effréné pendant que Sakis Tolis superpose sa voix scream à une piste audio d’une voix féminine qu’il rejoint en criant sa rage. Vraiment, le groupe n’arrête pas, c’est classique après classique. « Non Serviam », « In Yumen-Xibalba », « Grandis Spiritus Diavolos », un succès n’attend pas l’autre.

ROTTING CHRIST

Sakis Tolis à la guitare et la voix n’en manque pas une. C’est un maître qui inspire le respect.

Sakis Tolis | ROTTING CHRIST

Themis Tolis derrière la batterie fait un travail d’enfer, donnant à chaque chanson le tempo ritualiste et magique qui distingue ROTTING CHRIST des autres groupes de black.

Themis Tolis | ROTTING CHRIST

Du coté des musiciens de tournée, ce sont Kostas Heliotis à la basse et Kostis Foukarakis à la guitare qui sont aux côtés des frères Tolis. Ils sont avec la formation depuis 2019.

ROTTING CHRIST
ROTTING CHRIST

Chacun d’eux s’occupe aussi des voix d’accompagnement dans les morceaux qui le requièrent. C’est vraiment une machine bien huilée, on dirait qu’ils jouent ensemble depuis des décennies. L’énergie est là, la chimie entre les membres. Tout est dans les regards, la dynamique, les échanges de position sur scène bien pratiqués. Des vrais pros!

Après « Noctis Era » en rappel, ROTTING CHRIST quitte les planches sous un tonnerre d’applaudissements. Cette performance fut un triomphe.

ROTTING CHRIST

Le triomphe de l’insurrection, la victoire de l’opposition, de l’adversaire, de « l’autre » que nous métalleux sommes souvent. Le message est clair : ROTTING CHRIST nous invite à nous tenir debout, à ne pas courber l’échine, à être nous-mêmes malgré l’adversité, à ne pas plier le genou devant rien ni personne. NON SERVIAM, « I shall not serve », « je ne servirai pas »!

TEXTE : MAUDE PARADIS-BEAULIEU | CHICKS ROCK MEDIA
PHOTOS : MARIE EVE DESMEULES | CHICKS ROCK MEDIA

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The Under our Black Cult tour stopped by L’Impérial Bell in Quebec City for a tenebrous celebration to remember! Black metal fans were fed by a frankly unbeatable bill. As the name suggests, we indeed partied like a cult, celebrating and honoring the darkest corners of the human experience. Satanism, mysticism, occultism, misanthropy, horror stories galore, all the essential themes were hit on and it was one hell of a good time. Allow me to guide you through these dark waters like Charon on the waters of the Styx river, and let’s explore the dark recesses of our psyche!

GAEREA hails from Portugal. Active since 2016, this masked band pulls from a multitude of black metal inspirations. I hear blackened death à la BEHEMOTH; I hear riffs and an atmospheric touch that hints at post black metal like DEAFHEAVEN; and when the singer’s not serving us his deep guttural “base” scream which is clearly inspired by SHINING, he uses tortured wails that are reminiscent to DSBM and vocal techniques from a LIFELOVER or a PSYCHONAUT 4. If you think that’s a full package musically, wait ‘til you see their visuals. This band is a 10/10 in the aesthetics department too: the coherent ensemble, the masks painted with Asmodeus’s sigil, the black paint covering every inch of skin shown, the perfect uniformity of the musicians, the black and gold aesthetic, the huge intricate sigil on their mic stands. They check every box for me. They make themselves very easy to love. I was seduced with just the audio and video version, but live? Guys, when I say GAEREA blew me out of the fucking water? I mean it! They stole the show. They stole the damn show with merely five songs, and to steal anything from the huge bands that played after them is no small feat. They grabbed the entire crowd by the throat and said: “You guys are ours now.”

It was wonderful to see the crowd shift from a few moments of initial confusion, to full on falling in love with this band as the show went on. I don’t think anybody was ready for GAEREA to be this good, this intense; for their performance to be so emotionally charged, and yet! Here we were, getting slapped wide awake collectively by these masked creatures. The band was promoting its 2022 full length release Mirage, an album that, had I caught on in time, would have featured in my 2022 top five for sure. Unfortunately I discovered them a bit too late, but you can be sure I’ll closely follow them from now on. Mirage is good from front to back, so the four songs GAEREA pulled from it for the setlist (the title track, “Deluge”, “Salve” and “Laude”) were homeruns. They also played “Urge” from their 2020 album Limbo and it rocked so hard. The sound quality was impeccable. There was some masterful work done behind that console throughout the entire evening – hats off to the sound team!

While the names of some of the five members are circulating online, the band has voiced their wish during interviews for fans to not pay attention to their identities. I shall respect their wish and will refer to them by instrument instead. The singer was, quite frankly, hypnotic. I have not often seen a person move the way he did, like a sinuous serpent of sin captivating the crowd effortlessly. He slithered, he undulated; he knelt at the edge of the stage like he was praying to us, he punched the floor; he twitched and convulsed. He was fluid, as if made of water. The guy moved like he had no bones. He lived his art physically, like a musical possession. It was fascinating to watch. His vocal performance was varied, flipping with no difficulty between his deep gravely scream, his high perched laments and his normal low commanding voice he used liberally to grab our attention, to command us to give back as much energy as he gave out. It was difficult to look away, but when I did manage to tear my eyes off the singer, the other band members gave a great spectacle too. The two guitarists were vivacious. They played sharply, their solos stung and cut through the bleakness of the compositions like a knife piercing our sides. Besides the singer, the bassist was the one my eyes were reflexively drawn too. The guy also had somewhat of an elastic quality to his gestures. The way he brandished his bass as far as the guitar strap would let him, it felt like he was about to “yeet” his instrument off the stage and fly off with it. Very fun! It was the bassist’s birthday that night; the singer let us know before they started “Mirage”, taunting us with a “You’d better make sure this guy never forgets this night”! Well I sure won’t forget. The drummer, lastly, echoed the singer’s fluidity with his own wide arm movements behind the kit. He played more with abandon and heart than with calculated precision, and that’s exactly what GAEREA needed.

If we listeners strangely felt like the musicians were on edge, on the verge of losing it yet barely holding back to finish the performance instead, that’s because they likely were, and it’s all planned and on purpose. Their “just about to crack” intensity is not rehearsed or fake: it’s a product of the masks. In interviews, the band has explained that they wear the masks on stage partly because they are difficult to endure. The discomfort helps them get closer to the level of emotional rawness they want to showcase. Within a single song, the fabric of the masks becomes saturated with sweat. It sticks to the musicians’ faces, they can’t see well anymore, they can’t breathe properly either and this forces them into a state of heightened feverishness and restlessness. Their adrenaline spikes because they have to actively fight their costumes, and that’s the key to the unique feel of their live shows. They willingly place themselves in a state of discomfort to be able to reach the darkness within and the depth of feelings they want to share with the crowd. On many occasions during the show, I could see the singer try to take in big gulps of air, only for the wet fabric of his mask to follow and cover his mouth. I bet even with just five songs, their concerts must exhaust them. It’s spectacular and striking.

After the show, pushing through said exhaustion, it was the bassist himself who took to the merch stand to sell what GAEREA had to offer. His hands were shaking and you could see remnants of black paint on his skin and around his nails. There was quite a line of conquered fans ready to put money down for shirts and CDs; the bassist acted equally grateful and overwhelmed. I took the opportunity to wish him a happy birthday while scoring what has become my new favorite hoodie; he gave me some genuine, almost shy thanks. GAEREA deserve the world. I’m invested in their success!

UADA
Next up was UADA, an atmospheric black metal outfit that’s quite used to our neck of the woods. They were just in Montréal less than a year ago, so it’s lovely to see them elsewhere in the province too. These hooded figures from Oregon (USA) are back to light some incense, turn all the lights off, dial up the smoke machines, and give us a show as devoid of human presence as they can possibly make it while playing live. That’s their aim, their philosophy: anonymity as a way of killing the ego. They play in total darkness, besides some purple light accents shining against their backdrop and logos and some white strobe lights; they hide their faces under black hoods and behind their long hair; they bury themselves in a thick ominous fog so they turn into nothing more than silhouettes. UADA explicitly states they want the viewer to pay attention to the music, not to them. The human element only distracts, eclipses, interferes. Celebrity, to be known, to get recognized, for UADA these things are a hindrance, an annoyance; fame is vain, empty of meaning, while their music is not. They erase the human to let the art shine as it deserves to. To see UADA live is closer to seeing ghosts with instruments, specters, wraiths with guitars. Reflections, images, nothing more. Just focus on the music they say – so that’s what we did.

The setlist was five songs only, but with a couple of them pushing the ten minute mark, it still felt like a satisfying duration. UADA played the most classic flavor of black metal of the evening. “The Purging Fire” had a bouncy riff ripe for headbanging. “Djinn”, the title track of their 2020 album, was a pleasure to hear live. Some say “Snakes & Vultures” can overstay its welcome; I say it’s a damn good song that goes by way quicker than its ten minute runtime may indicate. “Cult of the Dying Sun” and “Black Autumn, White Spring” closed out a performance that made me lose track of time.

While hooded, the collective doesn’t seem to maintain strict anonymity off stage, so I elected to use the names of the band members. Jake Superchi on guitars and vocals and James Sloan on guitar are the two founding members that have been in UADA since 2014. Their solos and lead melodies made for a good impression, as the guitarists did not hesitate to stretch and bend their notes to give the crowd goosebumps. Nate Verschoor has been with them since 2019 and he did a great job on the bass. As for the drummer, Josh Lovejoy is a 2022 addition to the group of ethereal wraiths, and he fits right in. His trustworthy, glacial blast beats held tempo for the whole performance, just like the band needed.

CARACH ANGREN
Halfway through the bill, it was time to bring out the big guns with CARACH ANGREN. This symphonic black metal band from the Netherlands has forged quite the reputation for itself through its 20 years run. They are divisive: either you love their unique way of putting horror stories to music, their extreme reimaginations of horror classics like the Grimm fairytales or Frankenstein for example; or you hate it. A decade ago, CARACH ANGREN used to be one of my favorite bands. Their first three albums are excellent and their third album specifically, Where The Corpses Sink Forever, is what I classify as a masterpiece. That being said, I really dislike the turn they took after that. Starting from their 2015 release, I have not liked a single album or song. It feels like the magic died for me. Somewhere along the way, I lost all interest. I’m not the only “old fan” to have jumped ship, I’ve had this exact conversation many times before. But I recognize their new material has gartered its own fans and I still believe the band deserves success! It’s not because their new material isn’t for me that it nullifies how rich their catalog is. In this optic, I approached the concert with an open mind. I was curious to see what the band could do nowadays.

I’m happy to report the setlist was rather satisfying. CARACH ANGREN are still promoting their 2020 release Franckensteina Strataemontanus, so they played four songs from it: the title track, “Operation Compass”, “The Necromancer” and “Monster”. The crowd responded positively to the recent material. “Operation Compass” was the new song that caught my attention the most, with a clean vocals section courtesy of Ardek I’d never seen CARACH do before. Innovation is always interesting to see! In the end it was the older songs that I had the most fun with, no surprise there. With two songs from 2008’s Lammendam, two from 2010’s Death Came Through a Phantom Ship and one from 2012’s Where The Corpses Sink Forever, me and the other old fans were well treated. The band thankfully skipped over the worst of its discography so I will not complain! “The Carriage Wheel Murder” was the soundtrack to a legit wall of death. “Bitte Tötet Mich” spawned a circle pit, and “A Strange Presence Near the Woods” served us with all the speed and aggression we could want. During the last song, “Bloodstains on the Captain’s Log”, Seregor noticed a guy in the pit dressed as Jesus. Barely holding back a fit of laughter, he exclaimed “Jesus fucking christ!” and had the guy climb on stage with him. The singer fucked around with him the whole time. The band began to play, Seregor riled up the crowd until it was packed tight enough for some crowd surfing, and Jesus departed carried by his peers into the moshpit. What a Moment. 

Seregor on vocals was animated as always. He walked the length of the stage probably a hundred times over the hour-or-so runtime of the show; he mimed his stories, painted face expressing all sorts of theatrical emotions to go along with his characters. During “Monster”, he wore one of his most well-known character masks, the skeletal visage with a black crown. But that was the only mask used, and there were no costume changes nor stage props used, contrary to what was deployed during previous CARACH ANGREN concerts. Ardek on keyboard, conductor of the lush symphonies that accompany Seregor’s sordid horror tales, was now armed with a keytar. This addition allowed him to step away from behind his usual standing keyboard and interact more with the crowd and his bandmates. Since Namtar, original drummer of the formation, quit in 2020, there were huge shoes to fill behind the kit. The difficult task to play along to Namtar’s intricate and exhausting drum tracks has been in the hands of Gabe Seeber since 2022. And the guy managed just fine: I could not point out any obvious mistake! Plus, he displayed good showmanship, windmilling his long hair and beard while he played, or lifting his sticks in the air to get the crowd going on occasions. Good job! Bastiaan Boh has held live guitar duty since 2015 for CARACH so he’s basically part of the family now. With his long black square skirt, the man looked like a mad butcher, which was exactly what he needed to do.

ROTTING CHRIST
Who else could crown this dark evening with a perfectly sharp crown of thorns than black metal veterans ROTTING CHRIST! They’re the OG, as you say, there were there at the very beginning of the scene, and they still dominate the black metal ecosystem today. ROTTING CHRIST have been peddling their unique brand of Greek melodic black metal for 36 years (39 if you count the first iteration of the project under a different name). So let’s just say, these Greeks are real pros. If someone on the planet knows how this genre of music works, it’s brothers Sakis and Themis Tolis. They could not be more comfortable on stage. The venue is their kingdom, the crowd are their subjects, and they rule with the ease and poise of true leaders.

The setlist pulled from six of ROTTING CHRIST’s thirteen full-length albums. The guys aren’t on the road to support a specific album, but more to present their extensive catalog of beautifully occult and blasphemous offerings. The performance of course started with the indispensable ΧΞΣ (666); giant metal versions of these Greek letters were the main stage decor, illuminated by all the colored lights that bounced off of them. ΚατάτονΔαίμοναΕαυτού (“Kata Ton Daimona Eaytoy”) set the stage for the type of crowd interactions we were gonna get, and ROTTING CHRIST were generous! Sakis Tolis talked to us the whole time, making sure we were having fun and giving instructions in his lovely, thick accent; he offered up his guitar to the fans in the front row so they could touch it, or grabbed their hands, bumped their fists; the three guitarists would step in formation, circles and triangles to play off of each other to the crowd’s delight. The Greek singing was transcendental, it quite literally put us in a trance, bodies moved and flowed and danced along with it naturally. “Fire, God and Fear” began with those words of wisdom: “Those who can make you believe absurdities can make you commit atrocities.” ROTTING CHRIST’s message is clear. Dub-sag-ta-ke saw the singer count “one, two, three, four” in French for us to set the tempo while the bassist had us clap our hands. ἌπαγεΣατανά (“Apage Satana”) ushered us in to join its ritual with its hypnotic, looping drum pattern, while the three guitarists whispered incantations in their mics, answering each other with different singing parts like a strange mystical echo. ἘλθὲΚύριε (“Elthe Kyrie”) blasted us with its frenetic pace, drums never slowing down while Sakis Tolis superimposed his own screaming voice to the audio track of a woman’s voice singing the lyrics in a panic like on the album version of the song. His growls atop her voice’s rage gives me shivers just thinking back on it. The band just doesn’t stop. It’s hit after hit, “Non Serviam”, “In Yumen-Xibalba”, “Grandis Spiritus Diavolos”, one success after another. 

Sakis Tolis, on guitar and vocals, didn’t miss a beat. He stood as a grand master of metal and he commanded respect. Themis Tolis behind the drum kit did one hell of a great job, providing each song with the magical ritualistic heartbeat-like pace that always made ROTTING CHRIST stand out from other black metal bands. The tour musicians this time around were Kostas Heliotis on bass and backing vocals, and Kostis Foukarakis on guitar and backing vocals. They have been with the formation since 2019 and at this point the quartet was a well-oiled machine. It was all about the chemistry between the band members, the looks they shared, the nods they gave each other, the fluidity of how they moved around each other on stage. Never getting in each other’s way, but always there to strike a cool dual or triple guitar pose. They’re just pros, honestly.

After an encore with “Noctis Era” to reward the fans who stayed until the end, ROTTING CHRIST exited the stage under a roar of clapping, hooting and overall support. This performance was nothing short of a triumph. The triumph of insurrection, of opposition, of the adversary, the “other” that we metalheads often are. ROTTING CHRIST invites us to stand up, to not bend the knee; to hold strong, to be ourselves no matter what, even when society eats us down for it. Self-determination is the message the band wants us to leave with. NON SERVIAM, “I shall not serve”!

TEXT: MAUDE PARADIS-BEAULIEU | CHICKS ROCK MEDIA
PICTURES: MARIE EVE DESMEULES | CHICKS ROCK MEDIA

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