En ce samedi 30 décembre, mon chum et moi nous dirigeons vers LA SOURCE DE LA MARTINIÈRE pour notre dernier show de l’année 2023, avec la gang de INSIDE CREW PRODUCTION et mon amie Julie, qui sera notre photographe pour la soirée. Il est 20h30, le bar est plutôt vide et le 1er groupe se fait attendre. Je demande donc à Martin (de PEROXIDE et ICP) s’ils attendent qu’il y ait plus de monde avant de commencer. J’apprends alors que le groupe SOIF ne sera pas présent en raison d’une blessure qui empêchera Dan, le batteur, de jouer pendant un certain temps. Je profite de cet espace pour lui souhaiter un prompt rétablissement au nom des Chicks.
21h, on entend des cris qui proviennent de l’arrière du bar. Je me retourne pour me retrouver face à face avec une horrible face en papier mâcher, appartenant à quelqu’un en jaquette d’hôpital, qui semble me fixer en… bêlant. WTF ! Trois autres personnages tout aussi troublants le suivent.TEMPOLOTOV ? C’est vraiment niché. Leur prestation m’a laissée plutôt pantoise et dubitative. Je ne peux décrire leur musique. L’ensemble m’a fait penser à un genre de théâtre expérimental, cirque horrifique musical sous LSD. Après avoir tâté le pouls de différents groupes de l’assistance, les impressions étaient très diversifiées. Ceux qui ont aimé ont adoré, d’autres ont réellement détesté. Et d’autres encore, comme moi, sont ambivalents. J’ai trouvé que les musiciens ont un certain niveau. La dissonance est provoquée et contrôlée. Ils veulent créer un inconfort et ils y parviennent clairement. S’il y avait eu un tantinet moins de cris, j’aurais pu me fixer sur la qualité des paroles que je n’arrivais malheureusement pas à comprendre. À réévaluer pour ma part, mais l’écouter sans le visuel donne un tout autre ton.
Titres joués : La Valse, Système, De passage, FTP, Le mur des morts, Constance D., Mazout, Trou noir, Dissonnance, Sirba Lillooet, La Rage.
CODE 40-11
La première (et seule) fois que je les avais vus, j’avais quelque chose avant et je suis arrivée pendant leur dernière toute. J’ai eu une bonne première impression, mais j’avais hâte de les revoir pour un show complet. J’ai pu constater pourquoi ils étaient en nomination pour l’album/EP métal de l’année 2023 au G.A.M.I.Q.
Avec un style à mi-chemin entre le punk rock et le métal, le groupe a un son franc, dynamique, des voix qui s’harmonisent bien. Une guitare rythmique et étudiée (rose fluo, j’adore!), un drummer qui a l’air de trouver ça trop facile (dès qu’il a 1,5 seconde de lousse entre 2 coups, il fait tournoyer sa baguette entre ses doigts comme si de rien n’était) quand ça ne l’est clairement pas, une basse lourde et efficace, un chanteur bien présent et qui ne se prend pas du tout au sérieux, c’est ça CODE 40-11. Ça fait 10 ans qu’ils roulent leur bosse ensemble et leur complicité se ressent. Même si certains thèmes abordés sont profond, engagés et/ou portent à réfléchir, ils ont du gros fun et nous aussi par la bande. Merci pour ça les gars.
Titres joués : On veut pas de toi, Aimer l’immonde, Ontario/Préfontaine, Tous coupables, Ta business, Waterloo, C’est ça l’Amérique, En autant que, RDC, Y’a des limites, M (chanson en hommage à Marie-Pier Lavigne).
BAUXITE
Est ensuite venu le tour de BAUXITE, un groupe de punk-oï originaire du Saguenay, de nous divertir. Les textes du groupe reflètent leur regard sur notre monde et, on doit se le dire, c’est plutôt sombre. Même si c’est sur leur beat que j’ai le plus dansé, j’ai l’impression d’avoir davantage “entendu”, ou plutôt écouté les paroles que la dernière fois que j’ai vu le groupe. Il faut dire que la musique oï a toujours été entraînante. Michel a cette voix rauque et chaude assez typique du oï (même si ce n’est pas exclusif “à”). Eux aussi ont fun sur le stage. Juste à voir leurs sourires, on le sait!
Puisque que les gars jouent et chantent tous, c’est logique qu’ils soient plus statiques. Et pourtant ce n’est pas leur cas. Dès qu’ils ne chantent pas, Michel et Yohann se déplacent, se relancent, interagissent avec la crowd, entre eux et avec Nicolas, coincé derrière sa batterie. Du pur bonheur Saguenéen, quoi!
Titres joués : Brainscan, Toxique Manie, Trafic Humain, Religionticide (une belle pensée pour les peuples autochtones qui ont été déracinés et décimés au nom d’une fichue religion), Silence hôpital, Circonférence, 42$ par jour (excellente reprise de WD-40), 22:22, Momie Fer, Payer Plastique, L’écho Des Cris, Voisin Gonflable.
PEROXIDE
Finalement, le dernier mais non le moindre, place au décapant groupe PEROXIDE. Pour utiliser les paroles de Val et Sylvain, était venu le temps de la désinfection. Ce dernier est un idéologiste et contestataire, qui n’a pas la langue dans sa poche. Les paroles des chansons de PEROXIDE sont acerbes, directes, dénonciatrices, provocantes. La musique est accrocheuse (la preuve, ça fait 2 jours que “La Ronde” joue en boucle dans ma tête!). Des rythmes souvent effrénés, parfois plus lents, plus lourds, comme pour appuyer les points importants. Sylvain a toujours eu le verbe acéré pour présenter le sujet de la pièce que le groupe s’apprête à jouer, mais ce soir il était particulièrement emporté.
J’adore PEROXIDE, je ne suis donc peut-être pas très objective. Je les ai vu bon nombre de fois. J’ai l’impression que, d’une fois à l’autre, Val prend un peu plus sa place. Elle prend plus souvent la parole avec Sylvain et j’aime ça. Bien qu’il y ai eu quelques fausses notes, une ou 2 “dérapes”, en plus de problèmes sonores par-ci par-là, on s’en fout! C’est le party de fin d’année, la gang a du gros fun. Nous aussi évidemment. (J’ai l’impression de me répéter encore et encore, aujourd’hui. Mais c’était un gros party pour tout le monde, je ne fais que constater les faits.)
Titres joués : Gazon brun, La Ronde, Puissance = Souffrance, Déontologie canine, Manifeste-toi, Regarde s’qui s’passe, Faut pas s’en faire, Société, Gros chien sale, Concrétisez vos idées.
En ce moment de l’année où on est plus enclins à l’introspection et à la réflexion, je dois avouer que ces 4 groupes m’ont emmenée à me remettre en question. Même si c’est le genre de paroles de 80% des bands punk, je devais être dans le bon état d’esprit, au bon moment pour les entendre davantage. Mais surtout, surtout, j’ai eu un plaisir fou, j’ai dansé et lâché mon fou, j’ai croisé plein de monde cool que j’étais heureuse de revoir et d’autres, inconnus, qui m’ont bien fait rire. C’était mon seul party de fin d’année et il était presque parfait.
TEXTE : MAUD LÉGARÉ | CHICKS ROCK MEDIA
PHOTOS : JULIE VOYER | CHICKS ROCK MEDIA