ABBATH + BLACK ANVIL + IMPERIAL TRIUMPHANT + FINAL GASP | LA SOURCE DE LA MARTINIÈRE | QUÉBEC | 09.05.2024

Jeudi le 9 mai, les métalleux de Québec se sont rassemblés à LA SOURCE DE LA MARTINIÈRE pour une soirée de variation sur le thème du black métal. Avec le deathrock noirci de FINAL GASP, le jazz noirci de IMPERIAL TRIUMPHANT, le thrash noirci de BLACK ANVIL, et le vrai métal noir culte de ABBATH, on a bien exploré les nuances. Nous étions la première date de la tournée DREAD REAVER NORTH AMERICA 2024, ce qui peut être autant excitant que stressant. C’est un honneur de débuter une tournée, mais encore faut-il que l’organisation se passe bien. Lorsque, seulement six jours avant le spectacle, l’évènement a migré du CAPITOLE vers LA SOURCE?
J’ai ressenti un petit doute, à savoir si il n’y avait pas assez eu de billets de vendus pour justifier le CAPITOLE, et si la soirée serait une réussite quand même. Ça aurait été dommage de l’échapper lors du passage d’une légende comme ABBATH dans notre coin de pays. Mais je suis heureuse de rapporter que le concert a été un franc succès! Récit d’une belle victoire pour le métal extrême à Québec.

FINAL GASP
Nous arrivant tout droit de Boston au Massachusetts, FINAL GASP est le groupe le moins lourd de l’affiche, mais certainement pas le moindre. Leur deathrock gothique avec quelques pointes de black métal m’a donné l’impression d’être téléportée dans un club gothique des années 1980. J’ai plus dansé que fait du headbang!

Homebound est leur choix pour entrer en scène à 19:00. Jake Murphy, notre chanteur, a le look du parfait deathrocker: longs cheveux volumineux, veste de jeans déchirée, pantalons serrés, bottes pointues. Il passe de cris rauques et étouffés à des mugissements résonnants, il glapit pour attirer notre attention. Il ne se gêne pas pour utiliser la totalité du peu d’espace qu’il a à sa disposition pour sauter partout et headbang avec tout son tronc.

Jake Murphy | FINAL GASP

Eric Lester à la batterie vole la vedette à ses confrères ceci dit, grâce au son impeccable de son instrument (la Source a toujours le tour avec son mixage des percussions), mais aussi grâce à son intense charisme. Je suis hypnotisée par son magnétisme, son niveau d’énergie, la manière dont il jette tout son corps dans chacun de ses coups. Le gars tape ses peaux avec tant de vélocité que les veines de ses bras et de son cou ressortent.

Eric Lester | FINAL GASP

Mourning Moon est la chanson suivante avec son bon rythme black-n-roll. Sean Rose à la basse oscille et vibre sur son “groove”.

Sean Rose | FINAL GASP

Unnatural Law et Frozen Glare laissent la chance aux deux guitaristes, James Forsythe et Peter Micanovic, de nous servir une variété de riffs houleux bien rock’n’roll et de lignes mélodiques avec du mordant. Tous deux s’occupent des chœurs lorsque la chanson demande un effet d’écho sur les paroles.

FINAL GASP
FINAL GASP

Blood & Sulfur voit Murphy lever son pied de micro dans les airs et le faire tournoyer. L’un des guitaristes fait mine de jouer de son instrument derrière sa tête. Les gars ralentissent le tempo, rendant le morceau adjacent à du rock stoner.

FINAL GASP

Pendant 14 Gates, Murphy fait tout son possible pour faire lever la foule, nous criant de lever nos poings, de faire des cornes. La foule est dispersée et quelque peu distraite si tôt dans la soirée, et comme le chanteur parle uniquement en anglais, ses demandes ne font pas assez effet à son goût. Mais malgré la touche de frustration qu’on a pu ressentir, le groupe poursuit sa performance, l’infusant d’encore plus d’énergie. Ils jouent Temptation, Rows of Heaven, puis terminent sur Suicide, morceau datant de leur EP de 2021 Haunting Whispers.

Pour ma part, j’ai eu beaucoup de plaisir à partager l’univers de FINAL GASP. J’ai passé le week-end à écouter leur discographie et c’est du bonbon, ça vient remplir mon besoin de musique à tendance gothique. Je vous conseille d’aller les découvrir aussi!

IMPERIAL TRIUMPHANT
Fidèle à moi-même, ma raison principale d’aller au show du 9 mai, c’était un des groupes d’ouverture: IMPERIAL TRIUMPHANT. Ce groupe me fascine de par son ambition, sa complexité et son besoin profond de ne pas rentrer dans aucun moule. Le trio New-yorkais compose de la musique dense et polyphonique qu’on pourrait qualifier de chaos délibéré. IMPERIAL TRIUMPHANT font du black métal, certes, mais ils pigent aussi dans l’avant-garde, le jazz fusion, le bruitisme (le genre “noise”), l’improvisation, le métal technique, le death, bref. Il s’agit de l’un de ces groupes qui testent la compréhension musicale et l’ouverture d’esprit de quiconque. Et je les adore pour ça. Ces créatures aux masques dorés poussent l’enveloppe du métal et n’ont pas peur de la déchirer. Ils sont juste à la limite du “mainstream” (surtout avec l’engouement pour les groupes masqués des dernières années), mais restent toujours au delà de la limite de tolérance à l’étrangeté du grand public. IMPERIAL TRIUMPHANT jouent avec des thèmes d’urbanisme, de maxi-capitalisme, de déchéance sociétaire; ils superposent l’imagerie de l’opulence et de la richesse dépravée à l’ignominie de l’homme et à la misère. Leurs paroles sont philosophiques, quasi-religieuses. Ils évoquent la période des années 1920, de la prohibition, des bals mascarade aux cotés sombres. La beauté de cette musique est dans le contraste.

Mes attentes envers eux étaient très hautes. Et bien c’est pari gagné; mes attentes n’ont pas seulement étés rencontrées, mais excédées, et de loin. IMPERIAL TRIUMPHANT a volé le show.

Glissant à travers la foule comme des divinités parées d’or, le trio est monté sur scène un peu avant 20:00. Ils ne parlent pas, muets sous leurs masques métalliques et figés. Ils ont une narratrice cependant: une voix désincarnée mielleuse et faussement accueillante, qui nous explique sur les hauts-parleurs la nature de ce à quoi nous allons assister. Elle nous invite à prendre part au Rituel Doré, à s’abandonner à la décadence. La musique explose, et nous voilà partis pour un voyage. Même sans dire un mot, chacun des musiciens sont d’excellents communicateurs. Zachary Ezrin, souverain du rituel, chanteur et guitariste, nous mène de main de maître dans sa folie sonore. Armé d’une magnifique guitare Jackson modèle V miroitante et dorée, son jeu est basé sur la virtuosité, la vitesse et l’inventivité. Ses “riffs” sont plein de glissades, de notes volontairement dissonantes, de cordes pincées ou courbées à l’extrême. De temps à autre, il s’étire vers son micro tassé à l’écart à sa droite, pour y râler quelques paroles. Sa voix graveleuse rappelle un drone, ajoutant un aspect encore plus sombre à sa musique.

Zachary Ezrin | IMPERIAL TRIUMPHANT

Mais un concert d’IMPERIAL TRIUMPHANT, ça reste principalement une affaire instrumentale. Steve Blanco à la basse fait preuve d’autant de talent, mais son attitude tend plus vers le bouffon que la royauté. Il est tout un personnage, bougeant avec tant de vivacité qu’on croirait presque que son masque change d’expression, tant son non-verbal parle. Il s’étire vers la foule comme s’il nous questionnait; il jauge le batteur comme s’il le provoquait; il se plante les pieds face au guitariste comme pour le défier en duel, les deux jouant face à face et croisant leurs manches de guitare. Il y a une sorte de curiosité animale dans sa manière de bouger, comme un joyeux prédateur qui s’amuse avec ses proies: nous.

Steve Blanco | IMPERIAL TRIUMPHANT

Kenny Grohowski à la batterie, quant à lui, est plutôt un monstre. Et par là je veux dire que son jeu est absolument monstrueux: sa ténacité, son endurance, sa vitesse, sa précision dans le chaos, WOW. J’ignore comment décrire ce batteur, sinon que je voudrais en faire un cas d’étude car il est le parfait hybride entre un joueur de métal et de jazz. Le spectateur est incapable de savoir où l’improvisation commence et où elle se termine. Son jeu est magnifique. Le mixage du son est encore impeccable, ce qui nous permet de bien entendre chacune des milliers de note qu’il produit, claires comme du cristal.

Kenny Grohowski | IMPERIAL TRIUMPHANT

Cosmopolis vient ensuite avec son introduction à la “smooth jazz”. Grohowski tape doucement sur son charleston, utilise des balais sur sa caisse-claire. La ligne de basse nous fait avancer lentement, de manière trébuchante et fatiguée, vers la tempête qui va inévitablement nous happer. Le contraste laisse le publique vacillant. Chernobyl Blues, comme le nom l’indique, nous ramène dans un mode plus “bluesy”, mais la violence ne saurait tarder. La spirale infernale qu’est IMPERIAL TRIUMPHANT frappe encore. Blanco descend dans la foule. Un cercle serré se crée autour de lui.

Steve Blanco | IMPERIAL TRIUMPHANT

Il tape un bouton quelque part dans son costume et sa basse s’illumine, la tête de l’instrument parée de lumières LED. Au centre du parterre, il se met à malmener son instrument, les notes qu’il en tire sonnant carrément souffrantes. Il tire sur ses cordes comme s’il voulait les arracher, il tient sa basse dans les air par les cordes, il la fait gémir. Puis il remonte sur la scène, pour continuer sa torture instrumentale: agenouillé devant nous, il joue de sa basse comme d’un violoncelle, il roue le manche de coups. La foule est en délire. La voix féminine de la narratrice réapparaît le temps de nous informer que nous sommes arrivés à l’acte final du Rituel Doré. Elle nous remercie de notre présence, en espérant que nous nous soyons bien gorgés de toutes les perversions offertes ce soir.

Bien sur, c’est le moment de Swarming Oppulence. Ezrin s’approche du bord de la scène, bras grands ouverts tel un dieu qui se gave de notre adoration. Puis il actionne un interrupteur dans son masque: des lasers rouges sortent des rayons de soleil qui entourent son visage. Le plafond de la Source est couvert de projections lasers, différents motifs selon comment le guitariste se positionne. Lorsqu’il headbang violemment en suivant le rythme, les rayons glissent sur la foule. L’effet visuel est frappant. Quand les notes finales de la performance résonnent, le publique crie, hurle et vénère.

Zachary Ezrin | IMPERIAL TRIUMPHANT

Quelle expérience transformatrice. Je ne pensais pas pouvoir tomber encore plus en amour avec ce groupe, mais c’est chose faite. Je rêve du jour où ils vont venir au Canada en tête d’affiche, parce que je prendrais deux heures de IMPERIAL TRIUMPHANT n’importe quand. Quatre chansons, c’est trop peu.

BLACK ANVIL
Vient ensuite le tour d’une autre troupe de New-yorkais: le quatuor de blackened thrash BLACK ANVIL. Ça a pris un ajustement pour passer de la grandiosité du groupe précédent à un métal plus direct et simple. Mais rendu à 21:00, la salle commençait de plus en plus à se remplir, donc naturellement le groupe a reçu un chaleureux accueil.

Bien ancrés dans les codes classiques du black, les membres de BLACK ANVIL portent fièrement le “corpse paint”, la fameuse peinture de visage noire et blanche qui donne l’impression d’être un revenant fraîchement sorti de sa tombe. Le batteur Jason Glicken est le premier à débouler sur scène, et il fait son entrée avec une énergie enragée. Cette armoire à glace est torse nu, couvert de tatouages sur chaque millimètre de sa peau; ses yeux sont cerclés de noir et ont l’air creusés, sa barbe est hirsute; et il crie sa furie à la foule, on l’entend de loin sans micro. J’avais le “feeling” qu’il serait une machine derrière son kit, et effectivement ce fut le cas. Je suis surprise que la batterie ait survécu à son assaut. À un moment il joue de ses cymbales en les frappant à grands coups de poings. Tout un personnage.

Jason Glicken | BLACK ANVIL

Paul Delaney au chant et à la basse livre une performance égale et stable sur laquelle ses compatriotes peuvent s’appuyer. Sa technique vocale est une sorte d’hybride entre les scillements hauts perchés typiques du black et les cris venant de la poitrine plus habituels dans le thrash. Les larges lumières blanches qui illumine le groupe par derrière reflètent souvent sur les clefs de la tête de sa basse, créant un effet de lueur qui attire l’œil.

Michael Dimmitt (nouveau guitariste du groupe annoncé le jour même du concert, qui remplace Jemery Sosville) nous sert les “riffs” glacials qu’on attend du genre musical. Malgré un léger problème de son où sa guitare se faisait enterrer par les autres instruments au début, rendu à environ la troisième chanson, on pouvait l’entendre parfaitement. On peut enfin profiter pleinement de ses solos frénétiques. Alex Volonino à la guitare fait un bon travail de support rythmique et de chant de chœur.

BLACK ANVIL
BLACK ANVIL

Glicken aussi s’occupe des chœurs, quoi qu’on est plus dans le domaine des hurlements furieux dans un micro qui pend au dessus de sa batterie, que du chant mélodique. Tous deux ajoutent une explosion d’énergie au chanteur principal lorsque nécessaire.

Je découvrais BLACK ANVIL pour la première fois durant le spectacle. Je ne connais donc pas assez leurs chansons pour pouvoir décrire le show morceau par morceau. Ce que je peux dire, c’est qu’ils ont livré la marchandise d’une manière franche et sans détour. Ils ont rempli leur devoir de réchauffer la foule pour la tête d’affiche.

ABBATH
Tête d’affiche à laquelle nous sommes rendus! On parle bien sur de l’homme, le mythe, la légende: Abbath. ABBATH est, comme le nom l’indique, le projet solo de Abbath, né Olve Eikemo, l’un des fondateurs du black métal. Grâce à son travail acharné dans plusieurs groupes Norvégiens depuis la fin des années 1980 (le plus populaire d’entre eux étant IMMORTAL), Abbath a activement participé à la naissance, la codification, l’apogée et la modernisation du black. Il est l’une des plus grandes célébrités du monde du métal. Même les métalleux qui n’écoutent pas de black ont vu le célèbre maquillage “corpse paint” en triangles de Abbath, ou connaissent les innombrables blagues sur le personnage qui circulent sur internet. Le groupe ABBATH en tant que tel s’est formé lorsque le chanteur s’est séparé de IMMORTAL suite à des tensions internes Bien que IMMORTAL soit encore actif (mené par Demonaz avec d’autres musiciens invités), si de nos jours vous voulez vivre l’expérience “true cvlt” en concert? L’expérience classique qui inclue les vieilles chansons, les costumes, les armures, la marche en crabe? C’est ABBATH qu’il faut aller voir.

Il est rendu environ 22:00 à ce moment là et LA SOURCE est pleine à craquer. On est cordés comme des sardines sur le parterre; ça faisait longtemps que je n’avait pas passé un spectacle étampée dans l’aisselle de quelqu’un. Vous vous rappelez de mon doute au sujet de la vente de billets au début de l’article? Ouais, je n’ai rien dit. On ne devait pas être loin de la capacité maximale de la salle. Plusieurs immenses gardes du corps doivent tenir la foule éloignée pendant que les membres de ABBATH courent vers la scène. On aurait dit ces vidéos qui passent aux nouvelles à la télé de célébrités populaires qui se font suivre par une marée de fans dans des aéroports ou autre.

Ukri Suvilehto nous salue chaleureusement avant de s’asseoir derrière sa batterie. Malheureusement, ça sera la seule fois où on verra le batteur clairement. Il passera toute la soirée caché derrière un mur de brouillard causé par un trop-plein de fumée artificielle contenu dans une salle avec peu d’aération. J’aurais bien aimé pouvoir le voir jouer. Dommage. Ole André Farstad à la guitare et Andreas Fosse Salbu à la basse se plantent de chaque coté de la scène comme des statues, prêts à flanquer leur mythique “frontman”.

Ole André Farstad | ABBATH
Andreas Fosse Salbu | ABBATH

Finalement Abbath lui-même prend place, armé de sa guitare pointue, un ventilateur soigneusement placé à ses pieds pour lui souffler les cheveux hors du visage. Il est majestueux. Bien sur toute la troupe porte le “corpse paint”, ainsi qu’une variété d’accessoires à la mode black métal “true cvlt”: sangles de cuir, bracelets à pics, bottes à pics, plastrons et épaulettes à pics. Des pics, en veux-tu, en v’là!

Abbath (Olve Eikemo)| ABBATH

Le groupe passe de zéro à cent kilomètres heures en une seconde, commençant direct avec Acid Haze. La machine ne ralentira pas d’un iota pour l’heure et demie que va durer le concert.

ABBATH

Abbath s’adresse à nous avec la dizaine de mots en français qu’il connaît, puis complète ses instructions ou annonces de titres de chanson en anglais. Il utilise un effet robotique sur son micro lorsqu’il nous jase, une sorte de “vocoder”, et ça l’amuse visiblement puisqu’il niaise avec souvent pour nous faire rire. Dream Cull envoi le coup de départ pour le moshpit, puis vient Hecate avec son solo de guitare décapant. Ashes Of The Damned est l’occasion pour le batteur de se donner à fond. Même si on ne le voit, on entend son talent et sa précision. Avant d’entamer Dread Reaver, Abbath divise la sale en deux et nous fait crier une moitié contre l’autre, pour son plus grand plaisir. L’homme a beau avoir une “baboune” de peinte sur le visage, le “corpse paint” ne cache pas son sourire.

Ça paraît que même après plus de trente-cinq ans à jouer cette musique, il n’est pas tanné de l’effet d’engouement qu’il crée chez ses admirateurs. C’est ensuite le temps de la première reprise de IMMORTAL, In My Kingdom Cold. Évidemment ce sont ces reprises qui vont recevoir le plus d’attention: tous les cellulaires de la place se retrouvent dans les airs pour filmer ce moment grandiose, alors que le “pit” s’échauffe. Salbu fait un solide travail de meneur de foule, dirigeant notre énergie avec une variété de consignes. Fenrir Hunts nous fait prendre de la vitesse; Suvilehto se déchaîne sur sa grosse caisse. Root Of The Mountain nous donne un tempo “groovy” qu’il est facile de suivre avec le poing dans les airs, puis la très lourde The Artifex est l’occasion pour Abbath de faire toutes sortes de grimaces et d’expressions exagérées. L’homme ne fait vraiment pas son âge. One By One, un autre morceau de IMMORTAL, commence avec Abbath qui nous fait scander le titre encore et encore. Le parterre crépite d’énergie, ça génère le “moshpit” le plus intense de la soirée. Winterbane fait “headbang” tout le monde, les cheveux volent. Et puis c’est le moment de la finale, une reprise épique de Withstand The Fall Of Time de IMMORTAL, question de terminer sur la meilleure note possible.

ABBATH

Ce spectacle était une classe des maîtres. C’est comme ça que ça marche, le vrai black métal Norvégien. ABBATH nous a encore une fois prouvé que personne ne fait ça mieux que lui!

TEXTE: MAUDE PARADIS-BEAULIEU | CHICKS ROCK MEDIA
PHOTOS: JULIE VOYER | CHICKS ROCK MEDIA


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Various shades of black metal darkened Québec City’s skies this past May 9th: FINAL GASP’s blackened deathrock, IMPERIAL TRIUMPHANT’s blackened free jazz, BLACK ANVIL’s blackened thrash, and of course ABBATH’s true cult Norwegian black metal. We were the first date of ABBATH’s Dread Reaver North America 2024 tour. As exciting as it can be to kick off a tour, the venue in Québec was changed mere days before the show, from the Théâtre Capitole to La Source de la Martinière. That late in the game, it didn’t feel like a booking conflict situation; it felt like there weren’t enough tickets sold to justify the Capitole. So I was left to wonder if the turnout of the evening would be worthy of the legends who travelled to us. I am pleased to report, the evening was quite a success! Let’s see how.

FINAL GASP
Hailing from Boston Massachusetts, FINAL GASP were the mellowest band on the bill but they definitely were a lot of fun. With their gothic leaning deathrock, they had me feeling as if I was dancing in a goth bar in the 80s.

They hit the stage at 7PM with Homebound. Jake Murphy on vocals looked like the quintessential deathrocker: big fluffy hair, torn up dark jean jacket, tight jeans, winklepickers. His throaty shouts, reverberating bellowed verses and raspy melodious choruses absolutely did the job. He jumped around the tiny stage as aggressively as he could, folding himself in half in full-body headbanging. Eric Lester on drums was the star of FINAL GASP’s performance. Not only was the drum sound perfect (La Source tends to nail their live drum mixes, there’s something in their sound system that is ideal for percussion), but the player himself had mad amounts of charisma. Lester was an eye magnet for me, I kept flicking back to him to see how forcefully he played, how hard he leaned into his drums. He’d shout at the crowd, get up, hype us up; he’d beat his kit until his veins popped out on his arms and neck. Mourning Moon came next with one of those classic black-n-roll beats I so adore. Sean Rose on bass laid out a plethora of groovy lines for us, body swaying smoothly along. Unnatural Law and Frozen Glare had both guitarists, James Forsythe and Peter Micanovic, serve us rolling rock riffs and spiky leads. They took care of backing vocals too.

Blood & Sulfur saw Murphy lift his mic stand in the air and spin it in true old school rock and roll fashion. One of the guitarists lifted his instrument behind his head and tried to play backwards. The track had interesting stoner-adjacent vibes. On 14 Gates, Murphy thanked us for being here on the first day of their tour, then screamed at us to put our horns in the air. The crowd was quite sparse at this time of the night so his calls didn’t generate the response and enthusiasm he wanted. We could feel a bit of frustration taking hold, but the band pressed on and poured their emotions into their music. Temptation and Rows Of Heaven were next, and then came Suicide as a show closer, a track off of their 2021 Haunting Whisper EP.


I feel FINAL GASP did a great job with their performance. I, for one, went on to stream their music all week-end long after the show. They scratch the itch in my brain for 80s go-go dancing goth club vibes. They’re worth a listen!

IMPERIAL TRIUMPHANT
My main reason to attend the show was IMPERIAL TRIUMPHANT. This band fascinates me. I am a sucker for the weird, the wild and the out there, what can I say. The New York trio crafts some of the most dense, layered and carefully constructed chaos I have ever heard. They’re avant-garde metal, they’re technical noise, they blend black and death with the craziest free jazz. I’m not gonna pretend they’re easy to get into. These masked creatures will test anyone’s understanding of music. But there’s something so seductive about them. They flirt on the edge of mainstream appeal (we all know how rabid the masses go for a good masked band lately). Yet they purposefully push prospect fans away with their abrasive sound. Only the real aficionados of complex music may enter their realm. With themes of urban decay and decadence, of philosophy and religion, they play with gold gilded visuals juxtaposed with their unique brand of sonic rot. The beauty of IMPERIAL TRIUMPHANT is in this contrast, in the vile luxury (as one of their albums is so aptly named). My expectations for their live show were sky high.

Imma spoil it for you guys: said expectations were not only met, but exceeded.
IMPERIAL TRIUMPHANT stole the damn show. Period. I pity the poor souls who came into the venue late and missed this glorious splattering of 1920s prohibition era-inspired musical debauchery. This band is not to be missed.

Walking through the crowd like golden kings, the trio climbed on stage a bit before 8PM. They never spoke, never said a word, instead opting for a pre-recorded track of a woman’s voice. “Tonight begins the Rituel Doré,” the voice cajoled warmly, in a darkly insidious and manipulative tone, honeyed words meant to bring us to the edge of despair. “Please, indulge yourself in decadence.” Music exploded, and we were off on a journey. Even without words, each band member was communicative and fully engaged with the crowd. Zachary Ezrin, our ritual leader, vocalist and guitarist, was a force to be reckoned with. Armed with a gold mirror Jackson V guitar, he relentlessly shred on his instrument, weaving swift slide-heavy riffs and solos full of pinch harmonics. His gravelly, otherworldly vocals were effective. But clearly this concert was mostly an instrumental affair, his mic being way off to the side, to allow him to play freely when he didn’t have lyrics to deliver. Steve Blanco on bass was quite the character. He emoted so well through his mask, it almost felt like the mask changed expressions. The way he’d tilt his head curiously, peering at the crowd as if we were aliens; how he’d engage with the drummer, seemingly provoking him into hitting harder; how he joined Ezrin in the middle of the stage to face off, making it a funny competition. He was our jester. Kenny Grohowski on drums was a total monster. The sheer stamina he displayed, playing such intricate, complicated and merciless drum parts, all while being in costume. He played like a storm unabated, unbothered. The sound was once again perfect, rides and crash ringing crystal clear over the sound system.

Cosmopolis lead with a smooth jazz feel, light taps on the hi-hats and brush drumsticks used on the snares. A strong bass line and airy guitar chords goaded us into the eye of the storm. Blanco made little dances as he stepped around the stage, giving us lots of attitude. The tasty drum break towards the end was jazzy and full of triplets on the ride cymbals. Chernobyl Blues had a slow and subdued intro, tricking the listeners into a false sense of security. Of course, the song inevitably devolved into full-blown haywire noise, in true IMPERIAL TRIUMPHANT fashion. Blanco descended into the crowd; a tight circle formed around him as he sparked up LED lights on the headstock of his bass, and began to quite simply abuse his instrument. He pulled at the strings as if trying to snap them; he handled his guitar like a cello; he tugged out his notes and made his instrument squeal. When he returned on stage, he knelt and kept playing as meanly, lifting his bass in the air, torturing his device. The crowd went nuts. “The final act of tonight’s ritual approaches,” the female voice on the speaker came back on. “We thank you for your attendance and we do hope you enjoyed these depravities.” Swarming Opulence was the closer. Ezrin came to the edge of the stage with his arms spread out, soaking in the roar of the crowd, his well deserved adoration. Then he flicked a switch on his mask, and red laser beams shot out of each spike of the sun rays framing his face. Fucking lasers. Red dots formed shapes on the ceiling and shot across the attendees while the guitarist furiously banged his head. A total frenzy overtook the crowd. When the final notes of this awe-inspiring musical journey faded, the band left to thunderous acclaim, the crowd’s infatuation not unlike what you’d see around religious leaders after sermons.

I didn’t think I could fall in love more with
IMPERIAL TRIUMPHANT, but I did. I am left longing for them to come back as headliners. I crave 2 hours of this; 4 songs just ain’t enough.

BLACK ANVIL
It was then time for another set of New Yorkers, the black/thrash outfit
BLACK ANVIL. After their predecessor, it was quite the style clash to return to a straightforward and punchy metal formula. At this point of the evening though, the crowd had just about doubled, so no matter what, the band would get a warm welcome.

The
BLACK ANVIL crew wore corpse paint, purposefully making themselves look like deceased people who freshly crawled out of their graves. Jason Glicken, our drummer, took the stage first and he immediately caught my interest. This absolute unit of a man barrelled on stage screaming and raging like a corpse-painted version of a shirtless barbarian. I knew he’d be a machine, and I was proven right all performance long. What a drummer. The guy even played by punching his cymbals with his bare hands at some point. Killer stage presence. Paul Delaney on vocals and bass delivered a stable and sustainable performance, screeching in his mic and deliberately creating a low register nail-on-a-chalkboard sound, a good hybrid between the higher pitched vocals of black metal and the raw shouts of thrash. The white spotlights behind the band reflected on the metal keys of his bass’ headstock, creating an attention-catching glimmer effect. Michael Dimmitt on guitar (who was announced as Jeremy Sosville’s permanent replacement on the day of the concert) laid down those icy riffs you’d expect from the genre. The sound in the venue was a bit muffled for the first couple of songs, but by song 3 we could hear his solos really well, and boy did he fly on those frets when he wanted to. Alex Volonino did great on guitar and provided well placed backing vocals. Glicken did backing vocals too, whenever he felt like screaming at the top of his lungs into a mic that hung over his drum kit.

Now, I discovered the band live for the first time that night, so I can’t go down the setlist song by song like I usually do, because I don’t know their songs yet. What I can say is that
BLACK ANVIL gave a no-frills, straightforward, raw metallic attack of a show, and they warmed up the crowd nicely for the headliner.

ABBATH
And here we were: the pièce de résistance, our headliner,
ABBATH. ABBATH is, as the name implies, the solo project of Abbath, born Olve Eikemo, one of the founding fathers of black metal. Through his work from late 80s onward, in a multitude of bands but most importantly with IMMORTAL, the man has left an indelible mark on the birth, codification, maintenance and modernization of black metal. He is one of our biggest celebrities. Even non-black metal fans know of him through the legendary memes and jokes that surround the character. The band ABBATH was formed when the man separated himself from IMMORTAL, following tensions and disputes in that camp. While IMMORTAL still lives on with only Demonaz at the helm and guest musicians, if a fan wants the IMMORTAL live experience? The true grandeur, the armor costumes, the iconic corpse paint, the crab walk? You go see ABBATH. They play a healthy mix of IMMORTAL covers and original songs, because they know what their people buy tickets for.

It was around 10PM, and by this point the crowd was packed like sardines, La Source making for quite the small tin. The early evening’s low attendance issue had more than fixed itself. Several beefy security guards parted the compact crowd, holding fans back as the musicians were rushed to the stage. Everyone screamed and pushed for them; it felt like TV footage of mainstream celebrities getting rushed at airports. Ukri Suvilehto saluted the fans before he sat behind his drum kit. Unfortunately, it would be the only clear glimpse of him we’d get all night. The combination of a heavy hand on the smoke machine and the light show kept the musician hidden behind a hazy wall. Ole André Farstad on guitar and Andreas Fosse Salbu on bass stood on each side of the stage like strong statues, ready to flank the king of black metal. And finally Abbath climbed on, taking his place behind his mic, a fan already blowing his majestic hair out of his face. Everyone wore corpse paint, of course including Abbath’s famous triangular frowny look. Plus a variety of “true cvlt” black metal accessories like leather, spikes, armor pieces, chest plates, shoulder pauldrons, spiky boots, etc.

Acid Haze got the ball rolling at a thousand miles per hour. Once the machine started, there was no stopping it. The guys played at a blistering pace and at a high level of precision. They were insanely tight. From the get-go, Abbath spoke to us using the very few words of French he knew, then switched to English to announce the next song or ask how we were doing. He used a robotic voice effect for those speeches, a sort of vocoder, and you could tell it was funny to him because he fooled around with it a lot. Dream Cull generated the show’s first moshpit, then came Hecate with its incredible solo. Ashes Of The Damned was populated by frankly insane drum fills. Before Dread Reaver, Abbath divided the crowd in two halves and had us scream in turn, to his obvious childlike delight. He may have a deep frown painted on his face, but he couldn’t hide his smile. It was then time for the first IMMORTAL cover, In My Kingdom Cold. It was clear the old tracks would get the biggest crowd reaction, and indeed, all the cellphones in the house went up as people recorded a legend playing a legendary record. Salbu did an excellent job at working the crowd here, having us chant “hey hey hey”s all track long. Fenrir Hunts picked up speed, Suvilehto absolutely crushing on drums. Root Of The Mountain gave us a groovy rhythm to raise our fists to, and the super heavy The Artifex saw us blessed to witness a ton of Abbath’s classic grimaces and facial expressions. He may be over 50, but he doesn’t show his age one bit, opting instead to have fun on stage like a kid. One By One, another IMMORTAL track, was introduced by Abbath asking us to scream the title over and over. This might have been the most intense pit of the evening. Winterbane came next to make everyone headbang, and then came the finale, another IMMORTAL track, the epic Withstand The Fall Of Time. There could not have been a better way to end this concert. Everyone lost their shit, the walls vibrated with our screams, the pit blew wide open as the musicians gazed on, visibly satisfied with our energy output. That’s how it’s done.

ABBATH put on a classic true Norwegian black metal performance with a surgical level of precision. They hit all their necessary quirks and funny moments and showed the frontman’s personality perfectly. They’re true professionals.

TEXT: MAUDE PARADIS-BEAULIEU | CHICKS ROCK MEDIA
PHOTOS: JULIE VOYER | CHICKS ROCK MEDIA

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