ANNO 1696

24/02/2023
INSOMNIUM
CENTURY MEDIA RECORDS

GROUPE: INSOMNIUM

MEMBRES: Niilo Sevänen (voix et basse), Ville Friman (guitare et voix), Markus Vanhala (guitare), Markus Hirvonen (batterie), Jani Liimatainen (guitare et voix)

PAYS: FINLANDE

TITRE: ANNO 1696

LABEL: CENTURY MEDIA RECORDS

GENRE: DEATH MÉLODIQUE

DATE DE SORTIE: 24 FÉVRIER 2023

Les maîtres du death métal mélodique Finlandais INSOMNIUM sont de retour avec leur 9ième long-jeu en carrière: Anno 1696 ! L’album arrive ce 24 février 2023 via Century Media et c’est une sortie à ne pas manquer.

Anno 1696 est un album concept basé sur, comme le titre le suggère, la Grande Famine de 1695-1697. Décrite comme étant la plus grande catastrophe démographique de l’histoire de la Finlande, la Grande Famine a ravagée les territoires environnant de l’Estonie, la Lettonie, la Norvège et la Suède. Mais c’est la Finlande, alors une province Suédoise, qui en a souffert le plus. Durant ces deux années là seulement, plus de 30% de la population Finlandaise du temps a périt. Ce fut une époque de grande instabilité civile: terrassée par la faim, la population s’est naturellement tournée vers la violence, le crime, voir jusqu’au meurtre d’enfant et au cannibalisme pour tenter de survivre. C’était la période historique où la chasse aux sorcières faisait rage dans le reste de l’Europe, notamment en France, en Angleterre, en Allemagne, etc. Puisque la population et l’église cherchaient un bouc émissaire sur qui blâmer la famine, bien vite, des rumeurs de sorcières et de magie noire, de loups-garous et de pactes avec Satan commencèrent à circuler. Comme une étincelle dans une trainée de poudre, bientôt la Finlande fut elle aussi prise avec une chasse aux sorcières locale où tous se retournèrent l’un contre l’autre dans le but de trouver et de se débarrasser de la bonne sorcière pour que la famine cesse. Évidemment sans succès, puisque la famine n’avait rien à voir avec de la sorcellerie, mais au détriment de centaines de femmes (et de quelques hommes) qui furent victimes de ces emprisonnements et exécutions. C’est dans ce décor que se déroule Anno 1696, une histoire courte écrite par le chanteur et bassiste du groupe Niilo Sevänen que l’album met ensuite en musique (tout comme Winter’s Gate en 2016 était aussi basé sur l’un de ses livres). Son récit donne davantage de profondeur aux différents personnages de Anno 1696, comme par exemple Lilian la sorcière loup-garou ou encore Juho, l’homme qui connait ce qu’elle est et qui ose l’aimer quand même. Ou pas? C’est à vous de découvrir ce qui arrive à ces personnages et à d’autres via l’album et l’histoire courte!

Sur le plan sonore, on ne sort pas des sentiers battus. Du INSOMNIUM, ça sonne comme du INSOMNIUM, on est en terrain connu. Ceci dit, on a quand même droit à une version différente d’INSOMNIUM, plus sombre, avec davantage d’influences black / blackened death. Donc il y a quand même de la fraîcheur dans la formule! L’album débute sur la chanson 1696, et elle illustre bien ce que je veux dire: intro mélodique acoustique comme on connait bien, mais une explosion énergique vers 2:40 sur des blast beats à la caisse-claire. Puis retour à la mélodie, pour repartir au final sur la section “blackened” du morceau. On est à cheval sur les deux styles. Je souligne d’amblée la présence marquée de la batterie sur cet album. Normalement, INSOMNIUM c’est un groupe de guitare, la batterie bien qu’essentielle reste secondaire, surtout au mixage. Ici la batterie est en avant plan sur la trame sonore, quelle belle surprise!

On enchaîne sur White Christ, morceau sur lequel INSOMNIUM ont collaboré avec le seul et l’unique Sakis Tolis de ROTTING CHRIST (et un projet solo excellent lancé en 2022). C’est vraiment ici qu’on entre dans l’histoire du longjeu, car cette chanson met en scène l’ennemi, si on peut dire, dans le scénario: l’église chrétienne européenne du 17ème siècle, avec son prosélytisme et son dogmatisme maladif qui a couté la vie de milliers de personnes, surtout des femmes, lors des chasses aux sorcières. La justification des mauvais traitements et des abus de ces femmes sous le couvert de l’idée de la justice divine est un thème fort bien recherché ici. À l’instrumental, les guitares sont à la fois dissonantes et mélodiques, ce qui reflète bien la dichotomie entre la brutalité, voire carrément la folie, des actes commis par l’église dans ces années là, mais leur croyance qu’ils faisaient le bien et qu’ils sauvaient leurs fidèles. Le morceau utilise la voix de Sakis Tolis comme la voix intérieure instable et dérangée du prêtre responsable de l’exécution des sorcières, et c’est franchement d’une belle ironie vu l’homme en question. J’adore la voix de ce chanteur. Son fort accent est idéal pour un personnage comme un prêtre d’église qui se prend pour un soldat de dieu. 10/10 coté narration. Le solo crève coeur, funèbre, affligé de Markus Vanhala est la parfaite touche pour faire sentir la peur et l’agonie que devaient ressentir ces femmes traquées et accusées de sorcellerie. C’est le genre de chanson qui, dans son contexte narratif, nous hante, et on a pas finit d’être hantés parce que le morceau suivant, Godforsaken, poursuit dans la même veine. Cette troisième chanson sort du lot grâce à la participation de la chanteuse Johanna Kurkela. Si je ne m’abuse, c’est la toute première fois qu’INSOMNIUM laisse la place à une artiste féminine sur une de leur chanson. Le traitement de la femme en Europe au 17ième siècle étant d’une telle importance dans le scénario de cet album concept, l’occasion de mettre de l’avant une voix féminine n’aurait pas pu être meilleure. La voix de Johanna Kurkela est magnifique, blessée et blessante à la fois, préparer-vous à avoir des frissons! Godforsaken est aussi belle que souffrante et ça en fait ma chanson préférée de l’album, mon moment narratif “wow”.

On passe ensuite à Lilian, le premier vidéo clip sorti en promotion de l’album en novembre dernier. Je n’avais pas particulièrement connectée avec cette chanson à sa sortie, mais dans la suite narrative de l’album, ça rentre beaucoup mieux! Le morceau nous présente Lilian, la sorcière loup-garou autour de laquelle l’histoire tourne, et après avoir écouté Godforsaken, c’était obligé que j’allais m’attacher à ce personnage fort et déterminé. Sur le plan musical, ici on est dans du INSOMNIUM pur et dur. Pas mauvais, mais aucune surprise. Un vers d’oreille bien classique. Starless Paths suit et nous ramène dans le mode “blackened” du groupe: rythme rapide, caisse claire qui s’affole, riffs de guitare froids et serrés. On a l’impression de courir, de s’enfuir, de manquer de souffle, et ça fait écho à la narration. Les paroles font allusion au désir de se sauver dans les bois, de disparaître grâce grâce à des forces mystérieuses, n’importe quoi pour échapper au prêtre zélé qui promet de te brûler sur le bucher s’il t’attrape. Sur The Witch Hunter, on a droit à la confrontation entre les personnages du prêtre et de la sorcière loup-garou. L’un se repose sur sa foi et sa bible, l’autre, sous forme de loup, affute ses crocs et ses griffes. Musicalement, ce morceau est assez intéressant: il est demandant sur le plan technique, on retrouve des éléments de progressif, et personnellement j’ai senti un gros clin d’oeil à DARK TRANQUILITY. Suis-je la seule à penser que le riff mélodique principal et le refrain seraient parfaitement à leur place dans une chanson de DT? Solide performance!

Après que The Witch Hunter ait mis la table, je m’attendais à une sorte de bataille finale en chanson. Mais non, le morceau suivant, The Unrest, est une magnifique et triste ballade acoustique. Une sorte de calme avant la tempête. Avec ces paroles là, on s’imagine l’homme amoureux de la sorcière qui repense au bon temps avant la famine, avant qu’elle soit traquée et accusée, qui se lamente de tout ce qu’ils auraient pu être et avoir comme vie ensemble. “Reste ici à mes côtés, n’écoute pas l’appel de la nuit,” les paroles disent en anglais. “Reste sur le chemin qu’on a choisit ensemble […] Reste ici dans mes bras, reste pour toujours. N’écoute pas les voix de la forêt…” Ses supplications sont vaines, c’est clair dès les premières secondes de la chanson suivante, la dernière de l’album, The Rapids. La finale est brutale, violente, sombre. Clairement la chanson la plus lourde du longjeu. Vous devrez vous procurer l’album et/ou l’histoire courte de Niilo pour savoir comment le scénario se termine! Mais musicalement, c’est tout une fin. The Rapids comporte une allitération, une reprise d’un thème musical du tout début de l’album, et même si c’est souvent utilisé comme technique de composition, ça marche quand même à tout coups.

Et c’est ici que s’arrête l’histoire, mais! Pour ceux qui veulent toujours plus d’IMSOMNIUM, l’album Anno 1696 vient, dans sa forme physique (CD, boîte de collection, vinyl, etc.) avec un EP appelé Songs of the Dusk qui contient trois chansons de plus qui viennent compléter l’histoire. Le groupe décrit l’EP comme une “director’s cut”, une version du réalisateur pour un film. Je n’ai personnellement pas eu accès à cet EP mais j’aurais beaucoup aimé l’entendre, parce que le longjeu principal m’a un peu laissé sur ma faim. Au final, Anno 1696 est-il un succès pour INSOMNIUM? Oui! Est-ce que l’album est au niveau de Winter’s Gate? Non. La comparaison est naturelle, vu que les deux projets sont inspirés des écrits de Niilo. À mon avis, Winter’s Gate reste l’oeuvre définitive de ce groupe, suivi de près par Shadows of the Dying Sun de 2014 et One for Sorrow de 2011 pour remplir le podium. Ceci dit, je pourrais voir Anno 1696 essayer de grimper sur ledit podium, si l’album tient le cap après plusieurs écoutes et si les nouvelles chansons décoiffent en spectacle. Et on va avoir la chance de tester ces nouvelles chansons en concert justement sous peu, puisque INSOMNIUM vient en tournée dans notre coin en co-tête d’affiche avec les géants du black métal progressif ENSLAVED bientôt! C’est au printemps que ça se passe, plus précisément le vendredi 7 avril à Montréal au Théâtre Corona. Achetez vos billets ici.

Procurez-vous une copie physique de Anno 1696 ou la marchandise d’INSOMNIUM ici et attrapez au passage cet EP exclusif pendant qu’il en reste encore!

Vidéos: White Christ | Lilian | The Witch Hunter

MAUDE PARADIS-BEAULIEU | CHICKS ROCK MEDIA.

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BAND: INSOMNIUM

MEMBERS: Niilo Sevänen (harsh vocals and bass), Ville Friman (guitar and clean vocals), Markus Vanhala (guitar), Markus Hirvonen (drums), Jani Liimatainen (guitar and clean vocals)

COUNTRY: FINLAND

TITLE: ANNO 1696

LABEL: CENTURY MEDIA RECORDS

GENRE: MELODEATH

RELEASE DATE: FEBRUARY 24TH 2023

Finnish masters of melodic death metal INSOMNIUM are back with their 9th full-length album Anno 1696! It launches this February 24th on Century Media.

This new offering is a concept album centered around, as the title suggests, the Great Famine of 1695-1697. Widely described as Finland’s greatest demographic catastrophe, the Great Famine ravaged territories known today as Estonia, Finland, Latvia, Norway and Sweden, with Finland (a province of Sweden at the time) being the area that suffered the worst. Over these two years, more than 30% of Finland’s population perished. The Years of Many Deaths as they came to be called were a time of great civil unrest. Violence and crimes run rampant, people resorted to cannibalism and child murder to try not to starve, and the witch hunts were well underway in other parts of Europe. Since people were looking for someone to blame for the famine, wild tales of witches, pacts with Satan, werewolves and nightmarish creatures began to emerge as the only logical explanations for the famine in Finland too. It caught fire like a powder keg and soon enough, neighbors turned on neighbors in desperate attempts to make this famine end, so long as they just found and killed the right witch. This is the backdrop for the album, beautifully detailed in the accompanying short story penned by Niilo Sevänen himself (like he’d done with INSOMNIUM’s Winter’s Gate record before). His story personifies key characters from the album like Lilian the werewolf witch and Juho, the man who knows her for what she is and may love her in the end anyway. Or will he? You’ll just have to read the short story and listen to the album to find out.

Sonically, while we are squarely on roads traveled before, in known territory, what greets us on Anno 1696 is a darker INSOMNIUM. Dare I say, a blackened INSOMNIUM. The album starts off with 1696. The opener begins  with a beautiful acoustic melodic set up like fans of the band are used to, but it eventually leads to a satisfying explosion into some fast paced blast beats and dense blackened-death metal strumming. Right away I could tell the drums were gonna take a central role on this album. INSOMNIUM have always been a guitar band, so to have the drums so close to the surface in the mix was a pleasant surprise.

The second track, White Christ, features the one and only Sakis Tolis of ROTTING CHRIST fame (and an outstanding solo project release in 2022). This is the song that sets up the threat of the witch hunts in the story. The lyrics are a bone-chilling representation of the christian church’s overzealotry in those years, how it justified its horrid mistreatment, abuse and ultimately murder or women by the thousands under the guise of their god’s justice. The instrumentals reflect this frightening, borderline insane stance very well with dissonant yet melodic guitars. They hint at how the perpetrators believed their actions to be righteous. Mr. Tolis as the deranged and delusional inner voice of the priest is a genius storytelling decision. Markus Vanhala’s mournful solo really drives home the fear, disbelief and pain the targeted witches must’ve felt. Absolutely haunting shit that leads right into Godforsaken and its sorrowful female vocals, courtesy of Johanna Kurkela. To my knowledge, this is the first time INSOMNIUM featured female vocals in their discography and oh, does it hit. It hurts, it pierces your heart, and it feels necessary that a woman was brought in for a story that’s so deeply about womanhood in the 17th century. Prepare for full body goosebumps. Godforsaken is as beautiful as it is painful and that makes it the wow moment of the album for me. Top of the mountain in terms of emotional impact and song composition.

We then move on to Lilian, the lead single released last November. While I did not connect much to the single when it came out, it hits different when in the context of the album. You can’t give me a strong werewolf witch female character right after Godforsaken INSOMNIUM, or I’m gonna get attached! Spoiler: I got attached. Lilian is the most “classic INSOMNIUM” song on the album: nothing new, just the efficient, catchy melodeath the guys are known for. Starless Paths comes next and solidifies the “blackened INSOMNIUM” side of the record with its sweltering cadence. This song feels like you’re running away. There’s no time to breathe besides a short melodic break towards the end and it echoes the character’s struggles nicely. The lyrics hint at fleeing in the woods, connecting with dark forces, transforming yourself with magic to escape the enemy that chases you with crosses, torches and a promise to burn you at the stake. The Witch Hunter sees the characters of the priest and the witch in confrontation. The man steels his faith, and the wolf readies her claws and fangs. Musically we’re in for a very interesting track. It’s technical, it has slight progressive elements, but mostly it reminds me of DARK TRANQULITY. Am I the only one that feels this main guitar line and chorus could 100% be on a DT track and feel right at home? It’s a banger.

After a set up like The Witch Hunter, I expected the following track to be the final battle of the story. Instead The Unrest gives us an acoustic break. The calm before the storm. The song is beautifully sad. It feels like the human lover of the werewolf reminisces here about their life together before the famine, before she got hunted. A plea for what could have been. “Stay here by my side, heed not the night’s call,” the lyrics say, “Stay on the path we chose[…] Stay here in my arms, stay forever. Heed not the voices…” He begs, yet from the somber tone of The Rapids, the album’s final track, you know right away things did not stay as they were like the man wished. The closing track is dark, bleak, violent. By far the heaviest track of the album. You will have to get the album and Niilo’s short story to know how the tale ends, but I’ll say The Rapids is a damn good closer. There’s an interpolation that uses melodic themes from the beginning of the album and while this composition technique is a bit overused nowadays? Boy does it work every time.

And here stops the story, but! For the fans who just can’t get enough, the physical album comes with a joined EP called Songs of the Dusk with 3 songs that are part of the Anno 1696 story. The band says to think of it like a director’s cut of a movie. Yours truly has not heard this EP, but I feel it would have been a great addition because the album as it stands does end a bit abruptly for my taste. All in all, Anno 1696 sounds like a success to me! Is it Winter’s Gate? No. The comparisons are unavoidable since both these albums are based on a short story Niilo Sevänen wrote. For me, 2016’s Winter’s Gate still reigns supreme as INSOMNIUM’s strongest release, with 2014’s Shadows of the Dying Sun and 2011’s One for Sorrow rounding off the podium, but I could see Anno 1696 scratching at that third spot with more listens and if the new songs slap live. We will soon have a chance to test out said new tracks live, because INSOMNIUM comes to our neck of the woods this spring with Norwegian progressive black metal giants ENSLAVED! They’re in Montreal at the Corona Theater on friday April 7th, don’t miss out! Get your tickets here.
Get yourself a physical copy of Anno 1696 or a merch bundle over here and snag that director’s cut EP while it’s available!

Videos: White Christ | Lilian | The Witch Hunter

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