MOON HEALER

23/02/2024
JOB FOR A COWBOY
METAL BLADE

GROUPE: JOB FOR A COWBOY
MEMBRES: Jonny Davy (chant), Al Glassman (guitares), Tony Sannicandro (guitares), Nick Schendzielos (basse), Navene Koperweis (batterie)
PAYS: ÉTATS-UNIS
TITRE: MOON HEALER
LABEL: METAL BLADE
GENRE: DEATH MÉTAL PROGRESSIF
DATE DE SORTIE: 23 FÉVRIER 2024

Durant les années 2000 et début 2010, JOB FOR A COWBOY était l’un de ces groupes phares dont le nom se retrouvait partout. Même pour les gens comme moi qui n’étaient pas du tout fans du death américain dans ce temps-là (personnellement en 2010 j’étais dans la scène folk métal européenne jusqu’au cou), j’avais au moins entendu leur nom. Et puis tout à coup? Silence radio. C’était comme si la formation avait disparu de la face de la planète du jour au lendemain. Plus de neuf ans se sont écoulés sans nouvelles du camp JFAC. Le groupe disait être “en pause indéfinie”, mais les membres se sont tous mis à travailler sur d’autre projets musicaux, certains allant même jusqu’à délaisser la musique tout court pour se concentrer sur leur vie familiale, etc. Au début, cette soudaine absence a généré de l’engouement pour les anciens albums de JOB FOR A COWBOY, donnant à certains comme Ruination de 2009 ou Sun Eater de 2014 une sorte de statut culte. Or, plus le silence s’étirait, plus les fans se demandaient s’ils allaient revoir un jour leur groupe préféré, ou si la flamme s’était éteinte sans fanfare ni trompette, sans avis officiel. Ce fut donc toute une surprise lorsque JOB FOR A COWBOY est réapparu avec l’annonce d’un nouvel album en 2024 nommé Moon Healer, la continuation directe de Sun Eater paru une décennie auparavant. JFAC sont de retour, mais avec neuf grosses années de changements, d’évolution et de prise en maturité derrière chacun des membres. Les gars ne sont plus les mêmes qu’avant, évidemment. Sauront-ils capturer de nouveau la magie de leurs anciens albums? Comment leur développement personnel influencera-t-il leur manière de jouer et de composer? Et, pour ma part, Moon Healer me convaincra-t-il d’aller faire un tour dans le death progressif américain? C’est ce qu’on va voir.

De prime abord, ce qui a attiré mon attention c’est l’aspect visuel de Moon Healer. La couverture est impeccable! Ça c’est une pièce à avoir en vinyle, juste pour tenir l’œuvre d’art en version agrandie dans ses mains et pouvoir en absorber tous les détails. J’adore. L’équipe graphique de chez Metal Blade se sont dépassés sur ce coup-ci.

Moon Healer est un album concept qui suit directement le scénario de l’album précédent Sun Eater, donc retournons en arrière pour un instant. Sun Eater raconte l’histoire d’un des amis proches des musiciens qui était toxicomane, et qui a abusé des drogues au point de complètement perdre son lien avec la réalité. Mêlé à des conditions de santé mentale comme la schizophrénie, la consommation de substance psychoactives faisait croire à cette personne qu’il était en contact direct avec le divin; qu’il transcendait les limites de son existence; qu’il connaissait tous les secrets de l’humanité et des mondes au-delà. Comme Icare qui vola trop près du soleil ceci dit, cet ami n’a jamais réalisé qu’il n’élevait pas sa conscience, mais bien qu’il était en train de sombrer dans la folie. Pour les membres de JOB FOR A COWBOY, Sun Eater était leur manière de raconter et d’extérioriser la brutale mais contemplative réalité de voir l’un de leurs amis se tuer à petit feu devant leurs yeux en poursuivant des mirages. Dix ans plus tard, Moon Healer s’avère un effort pour présenter l’autre coté de la médaille, l’autre issue possible à cette triste histoire: et si le personnage de Sun Eater n’était pas malade ou égaré, mais bien capable d’atteindre ses buts? Si ce psychonaute, ce voyageur mystique, cet alchimiste de la pensé, avait réussit? S’il avait été capable d’étendre son esprit et de s’élever au-dessus du statut d’humain? On est dans l’exploration de secrets occultes ici, et des méthodes pour les atteindre. Quel sujet intéressant. L’album regorge de références à des sources qui me captivent, notamment: des auteurs comme Edgar Allan Poe, H.P. Lovecraft, Aleister Crowley; des artistes visuels comme Hieronymus Bosch dont j’adore l’imaginaire; des sources historiques comme le Bardo Thodöl, le livre des morts tibétain; des concepts philosophiques et spirituels comme le gnosticisme ou les écrits de Carl Jung sur la mort de l’égo, etc. Il y a de la thématique au pied carré ici. Et pour que le fond et la forme s’accorde, bien que certaines chansons aient étés composées délibérément, les autres morceaux, eux, ont étés écrits en sessions de flux de conscience.

Évidemment, parce que JOB FOR A COWBOY sont des pros, le concept s’entend bien aussi. Ils ne sont pas juste beaux parleurs. Moon Healer, c’est comme l’expérience d’une drogue médicinale hallucinogène ancienne et puissante mise en musique. Remède purgatif, évacuation, voyage chamanique, éveil spirituel, intégration: toutes les phases d’une telle cérémonie ancestrale s’entendent sur l’album. Et la cérémonie est brutale. Beyond the Chemical Doorway ouvre le bal avec une intro à la guitare aérée et rêveuse appropriée, avant que le groupe entier n’embarque et nous tire violemment vers le sol. JOB FOR A COWBOY nous offre son son typiquement sauvage mais recherché, lourd et groovy, technique à souhait mais qui décape. Ils me font penser à un cousin plus dissonant et sans pitié de MASTODON. Navene Koperweis à la batterie, la recrue la plus récente du quintuor, attire tout de suite mon attention. Ses transitions entre différents styles de jeu et de rythmes sont propres et précises. Son expertise s’entend tout de suite. Etched in Oblivion continue avec un de ces groove qui m’a fait faire la grimace tellement c’est lourd et entraînant. La basse perce à travers le mur de son des autres instruments, elle est bien mixée vers l’avant et ça me fait capoter! J’ai du rejouer la chanson pour me concentrer seulement sur la basse une fois que mon oreille a été faite, et WOW. Je suis figée. Nick Schendzielos est un dieu de la basse ou quoi?! Il court des tours de piste autour des guitaristes, c’est incroyable. La tonalité de son instrument est vraiment particulière, c’est comme s’il y avait un rebond sur ses cordes. Ses notes sonnent élastiques, elles rebondissent contre les parois de la chanson comme pour l’étirer. J’ai rarement entendu un son de basse pareil et je suis conquise. Franchement, chapeau à l’équipe de production pour les choix faits derrière la console, parce qu’en tant que fans de métal, nous sommes bien trop habitués à ne presque jamais entendre la basse. Jason Suecof, le légendaire producteur derrière non seulement les trois albums précédents de JOB FOR A COWBOY mais aussi DEATH ANGEL, DEICIDE, BLACK DAHLIA MURDER et j’en passe, est un magicien.

Grinding Wheels of Ophanim commence avec une solide intro à la basse justement, donc je suis vendue. Probablement la pièce la plus rapide et impitoyable du longjeu, elle utilise d’intelligents changements de tempo pour créer une sensations stressante de mouvement perpétuel. Le lyrique titre de la prochaine chanson, The Sun Gave Me Ashes So I Sought Out the Moon, donne le ton: des paroles presque poétique flottent au-dessus d’un ensemble rythmique expérimental et quasi-mathématique. Le morceau est d’une étrange beauté. Into the Crystalline Crypts envoûte avec des mélodies discordantes à la guitare. On est presque sur un fil mélodique qu’on peut suivre, mais pas exactement, et j’adore le léger inconfort que les tritons génèrent. Avec chaque morceau, je tombe de plus en plus en amour avec le bassiste de ce groupe et la tonalité quasi gutturale de son instrument, comme si sa basse se gargarisait le fond de la gorge. Il remplit chaque espace vide entre les notes de la guitare ou de la voix comme un batteur jouerait des “fills”. Ça rend les compositions chargées, certes, mais tout est pensé et choisit avec soin, ce n’est pas un fouillis. A Sorrow-Filled Moon à première écoute n’a pas l’air d’apporter grand chose de nouveau, mais elle est tout à fait cohérente. The Agony of Seeping Storm était le premier single du cycle de promotion de l’album. Accompagné d’un vidéo psychédélique à souhait qui m’a donné un bon mal de tête (mais ça valait le coup!), ce morceau fait office de bon résumé des différents thèmes et textures musicales sur Moon Healer. The Forever Rot clos l’expérience transcendante du longjeu sur une note lourde et lunatique, une sorte de perte d’espoir psychoactive, une touche finale songeuse et morbide. Morbidité bien visible dans le vidéo qui l’accompagne d’ailleurs, où notre personnage principal est victime d’une panoplie de visions bien dégoûtantes mais efficaces. Je donne au groupe des points pour la créativité, et je ne veux plus jamais revoir ce clip! À tout juste quarante minutes de durée, Moon Healer n’étire pas son élastique. Au contraire, l’album mise clairement sur son intensité compacte dans un petit format, et c’est pari gagnant.

Au final, j’ai eu une belle expérience avec Moon Healer! L’album m’a donné envie de retourner en arrière explorer le reste de la discographie de JOB FOR A COWBOY et des autres projets des membres du groupe, et surtout du bassiste, soyons francs. J’ai donc ici un bon tremplin vers la scène du death métal américain. J’espère que les fans de longue date du groupe vont trouver Moon Healer autant satisfaisant que moi!

Pré-commandez votre copie de Moon Healer via Metal Blade ici. Les coloris limités du vinyle me semble particulièrement intéressants.

Vidéos: The Agony of Seeping StormThe Forever Rot

MAUDE PARADIS-BEAULIEU | CHICKS ROCK MEDIA

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BAND: JOB FOR A COWBOY
MEMBERS:Jonny Davy (vocals), Al Glassman (guitars), Tony Sannicandro (guitars), Nick Schendzielos (bass), Navene Koperweis (drums)
COUNTRY: UNITED-STATES
TITLE: MOON HEALER
LABEL: METAL BLADE
GENRE: PROGRESSIVE DEATH METAL
RELEASE DATE: FEBRUARY 23TH 2024

 In the 2000s and early 2010s, JOB FOR A COWBOY was one of those names you saw everywhere in the metal world. Even for someone like me who wasn’t at all into the American death metal scene back then (my early 2010s being heavily dominated by the golden age of European folk metal), I still had heard their name. And then? Radio silence. It felt like this band dropped off the face of the earth suddenly. Over 9 years went by without any news from the JOB FOR A COWBOY camp. The group was on indefinite hiatus, the band members moved on to do their own things, many of whom shifted their focus away from making music and more towards their family lives, etc. That break initially allowed for the older JFAC albums to earn somewhat of a cult status. But eventually the silence stretched and fans were left to wonder if they’d ever see the return of their favorite band, or if this project’s fire has quietly extinguished itself without an official statement. So it must’ve been quite a surprise when JOB FOR A COWBOY announced their comeback album Moon Healer, a direct tie-in follow up to Sun Eater, their previous landmark album from 2014. JFAC are back, but with 9 whole years of personal growth behind each musician to influence their sound. Let’s see how their maturity shows in their new offering, and if these guys can win me over to the American death metal side of things.

The first element that drew me to Moon Healer were the visuals and the concept. Isn’t that cover epic?! 10/10 job by the record’s design team right there, because wow. The striking visuals immediately got me curious, in a similar way to how we used to shop for records in music stores by browsing covers back in the day. Good work standing out.

Moon Healer directly follows JFAC’s previous album Sun Eater, so let’s go back a decade for a minute. Sun Eater’s storyline and compositions were inspired by a close friend of the band who abused drugs until he eventually lost touch with reality through the combined effect of his addiction and his preexisting mental health conditions. Psychedelics and schizophrenia made this person believe the drugs were opening their mind to the secrets of the universe and allowed them to see and commune with the divine. Like Icarus flying too close to the sun and plummeting to his doom however, this person failed to see they were actually falling down into the depths of insanity instead. Sun Eater was a brutal but contemplative reflection on how the band felt about their friend essentially killing themselves in front of them in the pursuit of humanity’s mysteries and occult hidden knowledge. A decade later, Moon Healer returns to this same story, but presents the other side of the coin. What if the character from Sun Eater wasn’t sick or lost, and actually could unlock a door to the mystical realities of our world? What if this psychonaut, this pseudo-alchemist of the mind, succeeded? Moon Healer is an occultism enthusiast’s treasure trove. The lyrics and imagery pull from dozens of sources that personally appeal to me: authors like H.P. Lovecraft, Edgar Allan Poe, Aleister Crowley; visual artists like Hieronymus Bosch; historical sources like the Bardo Thodöl, the Tibetan Book of the Dead; philosophical and spiritual concepts like Gnosticism and Carl Jung’s death of ego, etc. There is just so much theme here, packed in compositions that were both carefully crafted for some and written in a stream-of-consciousness manner for others, to tie the form to its content.

And yes, before anyone asks, the concept absolutely translates musically. Moon Healer is like a medicine drug trip in album form: purging, shamanic journey, lesson, breakthrough, integration; all the phases are here. And it’s fucking violent, just like I’d expect one of those spiritual healing journeys to be. Beyond the Chemical Doorway’s guitar intro is appropriately dreamy and airy. The band wastes no time grounding the track back into their ferocious and groovy sound though. A minute in and I’m already drowning into what sounds like MASTODON’s more violent and dissonant cousin. I’m a big fan of Navene Koperweis’s drumming, JOB FOR A COWBOY’s newest recruit. The man’s capability to smoothly transition from bouncy rhythms to sweltering blast beats is clean as hell. A drummer to watch out for! Etched in Oblivion continues with a groove that unironically made me do a stank face upon first listen. The bass in this song? Unreal. I am stunned by Nick Schendzielos’s ability to basically outplay the guitarists here. My whole focus was drawn to how the bluesy-toned bass bounced against the confines of the composition, as if it was fighting to stretch out its walls. It felt elastic and alive. Big props to the production side of things that allowed the bass to shine through so well, because we as metal enjoyers are unfortunately used to the bass being buried in the mix. Legendary producer Jason Suecof (who we know for his work on the three previous JFAC records, and with bands like DEATH ANGEL, DEICIDE and BLACK DAHLIA MURDER among others) definitely has a magical ear.

Grinding Wheels of Ophanim instantly drew me in with its bass-dominated intro. Arguably the fastest and most unrelenting piece on the album, it uses clever tempo changes to create a stressful sensation of unavoidable perpetual motion. The title of the following song, The Sun Gave Me Ashes So I Sought Out the Moon, telegraphs well the almost poetic nature of its lyrics. Overlaid on top a super experimental and almost mathematical rhythmic section, this track is as strange as it’s captivating. Into the Crystalline Crypts lets us breathe a little with its purposefully-dissonant-yet-melodious guitar leads. With every track I fall more in love with this band’s bassist and the throaty, gurgly tone of his instrument. His bass lines are so busy but so purposeful at the same time! I’m floored. A Sorrow-Filled Moon doesn’t bring anything new to the table but is coherent with the rest of the record. The Agony of Seeping Storm was Moon Healer’s first single. Accompanied by a psychedelic headache-inducing video, it perfectly does its job as a summary of the album’s insanity. The Forever Rot is our closer, and we end on a moody note, a sort of resigned heaviness, a psychoactive hopelessness. It’s reflective and morbid in the best way, like the gory and uncomfortable visions the character experiences in the music video. At a total of 40 minutes’ runtime, the album doesn’t overstay its welcome. Instead it banks on its tightly packed quality and that pays off.

I’ve warmed up to the intentional rawness of the American sound these past couple of years and Moon Healer is a great foundational stone in this evolution of my music taste. If anything, I fell in love with Nick Schendzielos’s bass playing enough to want to go explore JOB FOR A COWBOY’s entire discography, and the discography of every band he’s ever been in for that matter. I hope JFAC’s long time fans will find Moon Healer to be as satisfying as I did!

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Videos: The Agony of Seeping StormThe Forever Rot

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